Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Éris, la lointaine jumelle de Pluton
27/10/2011

En janvier 2005, la découverte d’Éris oblige les astronomes à revoir leur définition du mot «planète», entraînant la déclassification de Pluton en tant que planète. En novembre 2010, Éris passe devant une faible étoile de la constellation de la baleine. Les observations de cette occultation avec entre autres le télescope robotique liégeois TRAPPIST ébranlent à nouveau la communauté scientifique. Des résultats parus dans Nature (1).

Lors de sa découverte en janvier 2005, la planète naine Éris – alors appelée Xéna par son découvreur Michael Brown - a semé la zizanie dans le Système solaire et surtout parmi la communauté scientifique : fallait-il ajouter après Pluton une dixième planète ? En effet, Éris était plus massive (25%) et paraissait plus grande que Pluton d’environ 500 km... c’est du moins ce que l’on pensait à l’époque. Dès lors, si Pluton était une planète, Éris devait l’être d’autant plus... Mais Pluton, comme Éris, sont beaucoup plus petits que les autres planètes du Système solaire. Alors qu’on pensait, lors de sa découverte en 1930, que Pluton avait la taille des planètes telluriques comme la Terre, il pèse seulement 0,24% de notre planète et, avec ses 2300 km de diamètre il est même plus petit que la Lune (3400 km de diamètre) ! De plus, depuis 1992 plus d’un millier de gros astéroïdes glacés ont été découverts dans cette région lointaine du système solaire. On les appelle les Objets Trans-Neptuniens (OTN) car ils sont situés au-delà de l’orbite de Neptune dans ce que les astronomes appellent la ceinture de Kuiper.
Une réponse s’imposait rapidement car l’arrivée d’Éris laissait présager la découverte d’autres corps de taille comparable dans cette partie lointaine du Système solaire.

Système solaire

C’est en août 2006 que les astronomes vont trancher lors d’un débat animé au cours de l’Assemblée Génerale de l’Union Astronomique Internationale (UAI) qui se tient à Prague. Ils définissent « une planète » comme un corps suffisamment massif pour être de forme sphérique (la force de gravité ayant vaincu les forces de cohésion interne) mais ayant aussi nettoyé son orbite d’autres corps éventuels. Faute d’avoir désencombré son orbite, qu’il partage avec des centaines d’autres OTN, Pluton a donc été exclu de la catégorie «planète», au grand désespoir de certains Américains qui n’ont pas hésité à manifester dans les rues. «Les Américains ont un lien affectif avec Pluton, explique l’astronome Emmanuël Jehin, chercheur qualifié au FNRS dans le  groupe Astrophysique et traitement de l’Image (ATI) de l’ULg. Pluton est l’unique planète du système solaire découverte par des Américains. Elle a aussi donné son nom au célèbre chien de Mickey, Pluto.»

USA PLutonMais le couperet est tombé. Suite aux recommandations du groupe de travail de l’UAI et d’un vote en session plénière, notre Système solaire ne compte désormais plus que huit planètes. Pluton a perdu son statut de «planète» et inaugurait la nouvelle catégorie des «planètes naines». En même temps, Éris prenait du galon : de simple astéroïde trans-neptunien (OTN), il devenait lui aussi une planète naine tout comme Céres le plus gros objet dans la ceinture principale d’astéroïdes situés entre Mars et Jupiter. Depuis, deux autres «planètes naines» les ont rejoints : Makemake et Haumea, deux OTN découverts respectivement en 2005 et 2003. Et une dizaine d’autres sont sur la liste d’attente…

(1)" A Pluto-like radius and a high albedo for the dwarf planet Eris from an occultation " B. Sicardy , J. L. Ortiz , M. Assafin , E. Jehin , A. Maury , et al. Nature 478, 493-496 2011 doi:10.1038/nature10550

Page : 1 2 3 4 5 suivante

 


© 2007 ULi�ge