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Éris, la lointaine jumelle de Pluton
27/10/2011

 

Eris et DysnomiaCette controverse autour de Pluton et d’Éris terminée ne clôturait cependant pas l’histoire. Une grande incertitude demeurait autour de la taille d’Éris : était-il réellement plus grand que Pluton ? Comment déterminer la taille d’un objet si petit qui erre si loin de nous, à 15 milliards de kilomètres, soit trois fois plus éloignée du Soleil que Pluton ? Même les plus puissants télescopes du monde, comme le télescope spatial Hubble (HST), ne permettent pas de résoudre correctement le diamètre angulaire d’Éris.

C’est une technique indirecte et toute simple dans son principe qui va venir en aide aux astronomes et qui a été utilisée par une équipe internationale à laquelle les Liégeois se sont joints. Il s’agit de la technique des occultations : dans sa ronde autour du Soleil, il peut arriver qu’un astéroïde (ou un OTN) passe devant une étoile, induisant une chute du flux apparent de celle-ci -et donc son occultation- pendant une courte durée fixée par la taille de l’objet, mais aussi par sa vitesse. Comme ces derniers paramètres peuvent être connus facilement à partir de l’orbite de l’objet, la mesure de la durée précise d’une occultation suffit alors pour évaluer sa taille. «L’occultation est une technique assez géniale, commente l’astronome Emmanuël Jehin. Tout d’abord même si l’objet est très faible et très lointain, ce qu’on regarde c’est l’étoile qui va être occultée et qui peut, elle, être plus brillante. Mais surtout, la résolution qu’on peut obtenir sur l’astéroïde observé peut être très grande et dépend directement de la cadence d’images qu’on peut obtenir pendant le phénomène.  On n’a donc pas besoin d’un grand télescope même pour un objet aussi lointain qu’Eris.»


La plus grande difficulté réside dans la prédiction du phénomène. L’occultation possible d’une étoile de la constellation de la baleine par Éris avait été prédite par l’équipe de Bruno Sicardy (Observatoire de Paris, CNRS, Université Pierre et Marie Curie, Universiteé Paris-Diderot, France), grâce à des observations précises et répétées d’Éris et du champ d’étoiles traversé. Jusqu’au jour qui a précédé l’occultation, les prédictions n’ont cessé d’être ajustées par de régulières observations de la position d’Eris et de l’étoile. Finalement, les calculs ont prédit que le phénomène avait le plus de chances d’être observé d’Amérique du Sud, dont le Chili durant la nuit du 5 au 6 novembre 2010 vers 02h20 UT. Vingt-six télescopes ont été mobilisés autour du monde, dont dix ont été réduits au chômage technique à cause des nuages.

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