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Retraite professionnelle et maladie d'Alzheimer 
14/04/2015

En s’appuyant sur la base de données de l'étude ICTUS/DSA (Impact of Cholinergic Treatment Use/Data Sharing Alzheimer), dont l'objectif était d'examiner l'histoire naturelle de la maladie d'Alzheimer, l'effet des traitements symptomatiques au moyen d'inhibiteurs et l'impact socioéconomique de l'affection, les chercheurs ont revisité une étude britannique  qui tendait à montrer un lien non négligeable entre départ à la retraite et survenue de la maladie. Résultat ? Il existe un lien mais moins marqué que précédemment suggéré.

Seule certitude : pour démêler l'écheveau des relations entre l'âge de la retraite et l'évolution des facultés cognitives, y compris l'émergence d'une démence neurodégénérative, il existe probablement une nuée de variables à prendre en compte. Article dans PLoS One.

Alzheimer RetirementIl y a une vingtaine d'années émergeait le concept de « réserve cognitive » selon lequel toutes les activités que nous entreprenons dans notre vie contribueraient à nous doter d'une sorte de réserve mentale qui nous permettrait de compenser les effets délétères liés au vieillissement tant normal que pathologique (notamment à la maladie d'Alzheimer). Aujourd'hui, la littérature scientifique foisonne d'articles mettant en exergue le rôle protecteur de différents facteurs censés intervenir de façon cruciale dans la « construction » de la réserve cognitive : posséder un niveau scolaire élevé, avoir un style de vie actif, exercer une profession d'une certaine complexité, s'adonner à des loisirs culturellement enrichissants, avoir un réseau social étoffé...

Nonobstant, les mécanismes qui sous-tendent la réserve cognitive demeurent mal connus. Un lien est communément établi entre ce concept et celui de plasticité cérébrale. Autrement dit, plus nos activités sont riches sur le plan cognitif, plus nous nous ménagerions des réseaux alternatifs que nous pourrions utiliser ensuite pour pallier la déficience de réseaux atteints par le vieillissement naturel ou pathologique. Mais existe-t-il une correspondance stricte entre réserve cognitive et réserve cérébrale ? D'aucuns le contestent, arguant que la première recouvrirait un champ nettement plus vaste que la seconde, en particulier parce qu'elle ferait intervenir des facteurs psychologiques (la motivation, par exemple) qui favoriseraient une meilleure exploitation des ressources cognitives disponibles.

Une étude contestée

Quoi qu'il en soit, nombreuses sont les études à avoir établi un lien entre, d'une part, des facteurs contribuant à la constitution de notre réserve cognitive et, d'autre part, une diminution du risque de développer la maladie d'Alzheimer ainsi que l'accroissement du délai précédant son apparition éventuelle.

Or, comme le souligne Catherine Grotz, doctorante et aspirante FNRS au sein de l'Unité de psychologie de la sénescence dirigée à l'Université de Liège par le professeur Stéphane Adam, l'univers professionnel peut être considéré comme un environnement propice aux contacts sociaux et à l'exercice d'activités stimulantes sur le plan cognitif, deux sources auxquelles s'abreuve la réserve cognitive. Dans Retirement age and the age of onset of Alzheimer's disease: Results from the ICTUS study(1), un article publié en février 2015 dans la revue PLoS One et dont elle est le premier auteur, la chercheuse rapporte en outre que plusieurs études ont mis en évidence que quitter le monde du travail entraîne des changements radicaux dans le mode de vie des individus et peut affecter leur fonctionnement cognitif. Néanmoins, pour l'heure, on ne recenserait que deux articles de recherche ayant trait à l'impact de la retraite sur le risque de développer la maladie d'Alzheimer et sur le moment de sa survenue.

Publié en 2010 dans l'International Journal of Geriatric Psychiatry, le premier article(2) à aborder cette thématique a été réalisé sous la direction de Michelle K. Lupton, du King's College London. C'est les données qui en émanent que Catherine Grotz et une équipe internationale de chercheurs ont voulu revisiter, d'autant que les liens entre la retraite et la cognition constituent un sujet particulièrement sensible, susceptible de faire l'objet de récupérations politiques en un temps où il est question de retarder l'âge de la retraite avec, pour prétexte, que ce serait bon pour la santé de tous les individus.

(1) Grotz C, Letenneur L, Bonsang E, Amieva H, Meillon C, Quertemont E, Salmon E, Adam S, ICTUS/DSA group, Retirement age and the age of onset of Alzheimer's disease: Results from the ICTUS study, 2015 Feb 25;10(2):e0115056. doi: 10.1371/journal.pone.0115056.eCollection 2015.

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