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Restimuler la conscience évanouie
28/05/2014

Comment aider les personnes gravement cérébrolésées à recouvrer la conscience ? Des chercheurs du Coma Science Group de l’Université de Liège ont montré que chez certains patients en état de conscience minimale, la stimulation transcrânienne à courant continu favorisait la récupération d'habiletés cognitives et motrices. Mais si 43% des patients en état de conscience minimale étudiés connaissent une amélioration temporaire, 57% y restent hermétiques. En outre, les patients en état végétatif/non répondant ne tirent aucun profit de la stimulation transcrânienne à courant continu.  Pourquoi ? Les chercheurs du Coma science Group essaient actuellement de trancher cette question. Publication dans la revue Neurology.

En règle générale, le coma dure quelques heures, quelques jours, quelques semaines. Dès que le patient ouvre les yeux - si tant est qu'il ait survécu -, il quitte cet état soit pour recouvrer la conscience, fût-elle parfois celle d'un corps désespérément immobile (le locked-in syndrome), soit pour entrer en état végétatif/non répondant ou en état de conscience minimale.

Le patient comateux ne manifeste aucune réponse comportementale volontaire aux stimulations de son environnement et, chez lui, les cycles veille-sommeil ont disparu. Il n'ouvre jamais les yeux, même après une stimulation nociceptive intense.

Chez le patient en état végétatif/non-répondant, l'ouverture des yeux est préservée, ainsi que d'autres fonctions autonomes, telle la régulation respiratoire. Ses mouvements sont involontaires et, bien qu'il ait les yeux ouverts à l'état d'éveil, il n'a aucune conscience de son environnement. Au contraire, le patient en état de conscience minimale a une conscience fluctuante de son environnement et il lui arrive d'exécuter des mouvements volontaires - suivre visuellement un objet qui se déplace dans l'espace, sourire, etc. Néanmoins, il est incapable de communiquer ses pensées aux personnes qui l'entourent.

Stimulations électriques

Casque-stimulation-tDCSFace à des patients en état végétatif/non répondant ou en état de conscience minimale, les centres spécialisés déploient différentes stratégies pour favoriser le retour à une conscience digne de ce nom, où le patient serait à même de communiquer. Tantôt on mobilise ses membres, tantôt on mise sur la musicothérapie, tantôt encore le patient est placé dans des conditions de luminosité particulières... « Le problème est qu'aucune de ces approches n'a fait la preuve de son efficacité », indique le professeur Steven Laureys, responsable du Coma Science Group de l’Université de Liège (centre de recherches du cyclotron et service de neurologie du CHU de Liège). Certes, certains patients récupèrent, mais il est des plus ardus de démontrer que les soins de revalidation qui lui ont été dispensés y ont contribué.

Pour démêler l'écheveau, il n'y a d'autre solution que de mener des études randomisées en double aveugle contrôlées par placebo. Or, pour l'heure, on ne recense qu'une seule étude de ce type. Publiée en 2012 par l'équipe de Joseph Giacino, du New Jersey Neuroscience Institute, elle montrait que, délivrée quatre semaines après une sortie de coma, l'amantadine, médicament peu spécifique qui fut initialement utilisé dans la maladie de Parkinson puis dans la sclérose en plaques, améliorait quelque peu les réponses cognitives et motrices des patients en état végétatif/non répondant et en état de conscience minimale.

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