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ESO : 50 ans d’observations de l’espace
07/12/2012

Article rédigé par Théo Pirard

Le 5 octobre 1962, une nouvelle organisation voyait le jour en Europe : ESO pour European Southern Observatory. L’Observatoire européen austral était né. Ce jour là, l’acte de naissance - la Convention ESO - était signé par six pays : l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni. Mais ce dernier n’allait confirmer son adhésion que 40 ans plus tard ! Pour que prenne forme l’idée de cet observatoire européen pour la communauté des astronomes et astrophysiciens, il a fallu une décennie de discussions entre scientifiques et politiciens. L’université de Liège y a joué un rôle de pionnier, bientôt rejointe par l’industrie spatiale liégeoise.

A l’Université de Liège, le professeur Pol(ydore) Swings (1906-1983) faisait partie de ces pionniers qui, ayant travaillé aux Etats-Unis, étaient conscients que la dimension européenne était LA réponse aux défis en recherche et en technologie. Il a été très actif dans les groupes de réflexion qui, au début des années 1960, ont convaincu les instances politiques de donner vie à l’ESO pour les télescopes au sol, puis à l’ESRO (European Space Research Organisation) pour les fusées-sondes et satellites. Au lendemain de la Seconde Guerre, il s’agissait de reconstituer en Europe, sur les bases de la coopération entre Etats, les sciences et les techniques de pointe tout en innovant. Ainsi l’ESO a-t-elle voulu combler une lacune en se donnant comme priorité l’observation du ciel de l’Hémisphère Sud, encore largement inexploré. Il n’y avait en effet pas encore de grands observatoires sous l’équateur pour étudier en détail les Nuages de Magellan, ces galaxies naines satellites (et donc proches) de la nôtre et à l’époque véritable Pierre de Rosette pour comprendre l’évolution des étoiles. Mais le ciel austral recèle bien d’autres splendeurs que les astronomes européens avaient envie d’étudier comme le plus gros amas d’étoiles, Omega du Centaure, l’étrange galaxie active Centaurus A, mais aussi et surtout le coeur de la Voie Lactée situé dans la constellation du Sagittaire où se cache un trou noir énigmatique pesant quelques millions de soleils,…

voie-lactée-laser_paranal

L’ESO est, certes, moins bien connue que l’ESA (European Space Agency) qui, en 1975, a absorbé l’ESRO afin d’entreprendre le programme spatial européen. Pourtant, ses réalisations et les études qui s’y font depuis un demi siècle se déclinent au superlatif et ont donné lieu à des découvertes majeures ! Cette organisation intergouvernementale européenne, qui compte aujourd’hui 14 Etats d’Europe (*) plus le Brésil en voie d’adhésion, vise l’infiniment grand en s’efforçant de faire avancer notre connaissance et notre compréhension de l’Univers. Dans ce but, elle met à la disposition des astronomes, astrophysiciens et cosmologistes des observatoires équipés d’instruments de pointe au Chili, dans la Cordillère des Andes. Le Conseil de l’ESO se réunit deux à trois fois par année pour décider de la mise à jour des moyens existants et du développement de nouveaux outils. Chaque Etat membre y est représenté par deux délégués, l’un de l’administration publique et l’autre de la communauté scientifique nationale. 

Cap sur le magnifique ciel de l’hémisphère Sud

La création de l’ESO répondait à un double objectif : faire de l’Europe une référence de niveau mondial pour l’astronomie et l’astrophysique et explorer l’Univers austral avec des outils très performants. Pas de doute : ce double objectif a été atteint ! Le désert d’Atacama au Chili - préféré à l’Afrique du Sud - allait apporter à l’ESO des sites de qualité unique grâce à la géographie locale si particulière du désert d’Atacama, coincé entre la Cordillère des Andes et le Pacifique. Ces sites ont  plus de 300 nuits claires par an et l’atmosphère y est d’une stabilité atmosphérique permettant de réaliser des images de qualité exceptionnelle. En échange 10 % du temps d’observation doit être retourné aux astronomes chiliens. Ce sont trois observatoires de l’ESO qui sont aujourd’hui implantés dans le Nord du Chili : le 1er est l’observatoire de La Silla dans la région de la Serena à 2.400 m (premières observations réalisées en 1966), ensuite Paranal (2600m) avec ses 4 télescopes géants de 8m de diamètre dans la région d’Antofagasta (première lumière en 1998), et plus récemment à Chajnantor, un plateau à presque 5.400 m d’altitude (construit à partir de 2005) dans la région de San Pedro de Atacama. Sur ce dernier site, on est en train de déployer, à la suite du prototype APEX (Atacama Pathfinder Experiment), ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) : c’est un vaste radiotélescope qui sera constitué, lorsque les travaux seront terminés en 2014, d’un parc de 66 paraboles (54 d’un diamètre de 12 m, 12 de 7 m) pour une écoute du ciel dans le domaine submillimétrique. Le coût  de ce projet - qui est un partenariat avec les Etats-Unis (NRAO) et le Japon (NAOJ) -  avoisine le milliard de dollars. Combinées, ces paraboles forment l’interféromètre radio le plus puissant au monde. Sa construction sera complètement achevée en 2014, mais il réalise déjà des observations inédites 24h/24, les observations radio pouvant se faire également pendant la journée.

Outre les cinq pays fondateurs, il y a l’Autriche, la République tchèque, le Danemark, la Finlande, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Suisse et le Royaume-Uni.

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