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ESO : 50 ans d’observations de l’espace
07/12/2012

Amos, le « sur mesure » des télescopes professionnels

Même inquiétude du côté des industriels : pour l’attribution des contrats, il faudra tenir compte des nouveaux-venus. Certes, comparée à l’ESA (European Space Agency), l’ESO n’a pas de programme optionnel ni de retour industriel à proprement parler. Pour les contrats passés avec les Etats membres, une analyse, tous les cinq ans, sert à réajuster les commandes de l’organisation auprès de ses Etats membres. Le déficit du retour belge a, dans les années 80, permis à des ingénieurs et industriels liégeois d’être partie prenante dans le choix du site de Paranal pour le VLT (Very Large Telescope). Mieux : l’ESO a pu contribuer à la dimension technologique de la reconversion industrielle en région liégeoise.

machineàlaver-AMOSA Liège, la PME Amos a réussi, au prix d’une longue démarche, à positionner ses compétences en mécanique et en optique dans les sphères de l’ESO. L’entreprise, issue en 1983 des Ateliers de la Meuse, se faisait la main dans le matériel d’astronomie professionnelle avec la fourniture de trois télescopes portables « light seeing monitor ». On les a déplacés au Chili afin d’étudier la qualité de sites proposés pour l’implantation du VLT. Avec cette première réalisation pour l’Europe des astronomes et des astrophysiciens, Amos a mis le pied dans l’étrier de l’ESO. Bill Collin, directeur d’Amos, s’est pris au jeu des défis technologiques de l’innovation pour les systèmes d’observation du ciel. Dans la foulée des télescopes portables, Amos a su convaincre les instances techniques de l’ESO pour la réalisation d’équipements clefs du VLT au Cerro Paranal :
- la douzaine d’adaptateurs-rotateurs qui pilotent les quatre télescopes pour un pointage correct et précis ;
- la plate-forme de levage du miroir primaire, pour son transport délicat en vue de sa remise en forme et d’opérations de maintenance ;
- l’impressionnante « machine à laver » des miroirs de chaque télescope.
  
Dès lors, rien d’étonnant à ce qu’on trouve les logos d’Amos partout dans l’observatoire du Paranal. Surtout que la PME liégeoise y a signé un chef d’œuvre technologique : les quatre « petits » télescopes auxiliaires (ATs/Auxiliary Telescopes) qui sont mobiles. Trois ont été financés par l’ESO, tandis que le 4ème était payé par la Belgique via Belspo. Ce quatuor sur rails apporte la 3ème dimension aux observations des quatre autres grands télescopes du VLT. Sa réalisation a donné ses lettres de noblesse à Amos comme fournisseur de télescopes professionnels. Comment expliquer cette belle réussite ? Jean-Pierre Chisogne, directeur commercial d’Amos, a son explication : « Les grandes qualités d’Amos, dans la compétition avec les grands industriels en Europe, est sa réactivité et sa souplesse pour s’adapter aux demandes du client. Avec l’ESO, nous avons un client exigeant dont le personnel comprend des ingénieurs et des scientifiques au fait des problèmes à résoudre. Ce personnel trouvait chez nous des mécaniciens, électroniciens, opticiens qui étaient à même de répondre à leurs questions. Il nous a appris beaucoup pour notre métier du « sur mesure » des télescopes professionnels ».

L’ESO a donc été une aubaine pour Amos. Celle-ci est d’ores et déjà candidate pour relever les défis posés par l’E-ELT au cours des prochaines années. Elle entraîne dans son sillage d’autres entreprises de la région liégeoise qui l’aident pour ses fournitures: Polmans SA à Visé et SMP (Scalco Mécanique Production) à Oupeye pour des travaux de mécanique, Spacebel en ce qui concerne l’informatique (développement de logiciels). « L’expérience des contrats de l’ESO nous a permis de réussir des offres, avec des produits performants, en Amérique du Nord, en Espagne et en Inde. Et nous en préparons d’autres pour la Russie et le Brésil », reconnaît Claude Jamar, l’administrateur d’Amos. Le spécialiste liégeois des télescopes professionnels, qui emploie 80 personnes, doit fournir des systèmes « sur mesure » pour des observatoires sur l’île d’Hawaii et au Nouveau Mexique. D’où la nécessité d’avoir une filiale au Texas. Amos est aussi devenu partenaire de l’Inde pour ses programmes d’astronomie et d’astrophysique ; trois télescopes sont en cours de livraison Leur installation est prévue dans le courant de 2013.

Un grand merci aux témoignages de

- Jean-Pierre Swings, astrophysicien professeur retraité du Département AGO – il fut très actif au sein de l’ESO - ;

- Emmanuel Jehin, astrophysicien fort impliqué dans les activités de l’ESO et qui est un habitué des observatoires de La Silla et de Paranal ;

- Claude Jamar et Jean-Pierre Chisogne, respectivement administrateur et directeur commercial de la PME Amos, le n°1 industriel belge pour les télescopes de l’ESO.

 

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