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Les méandres de l'oubli
22/05/2012

Or en quoi consistait vraiment cette épreuve ? En une tâche de remémoration au cours de laquelle tant les mots à retenir que les mots à oublier furent présentés un par un, de façon dispersée et aléatoire, à partir d'un ensemble renfermant également 100 mots contrôles - des mots qui n'étaient pas apparus sur l'écran de l'ordinateur lors de la phase d'apprentissage. Les participants étaient invités à pousser sur un bouton lorsqu'ils reconnaissaient un mot, sans se soucier de l'instruction (« À retenir » ou « À oublier ») qui l'accompagnait lors de l'encodage. Ils devaient appuyer sur un autre bouton s'ils estimaient que le mot présenté ne l'avait pas été auparavant. Leur activité cérébrale fut enregistrée à deux reprises en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle(IRMf): lors de la phase d'encodage et lors de la phase de récupération (reconnaissance). « Le but était de déterminer si des régions cérébrales différentes étaient activées à l'occasion de ces deux phases selon que les mots étaient à retenir ou à oublier », rapporte Fabienne Collette.

Un filtre

Quels furent les résultats de l'étude ? Tout d'abord, les sujets reconnurent 83% des items à mémoriser et un peu plus de 50% des items à oublier. L'écart était significatif et montrait bien l'existence d'un « effet d'oubli dirigé ». Mais le cœur de l'expérience avait trait, nous l'avons souligné, à la cartographie des activations cérébrales. Abordons d'abord le versant de l'encodage. On y relève deux résultats particulièrement intéressants. D'abord, la comparaison entre l'« encodage » de mots à oublier qui ne furent effectivement pas reconnus et celui de mots à retenir dont les sujets ne se souvinrent pas fait apparaître, dans le premier cas, une activation supérieure au niveau du gyrus frontal moyen droit, région associée à la fonction de sélection. Fabienne Collette : « Cette région interviendrait pour trier les items selon qu'ils doivent être stockés ou non en mémoire ; elle se révèle plus active face aux items à oublier, un peu comme si elle avait pour mission de faire obstacle à leur traitement approfondi dans la mesure où ils ne doivent théoriquement pas entrer en mémoire. » Par ailleurs, l'activité du gyrus frontal médian droit est associée à celle d'une autre région, le cortex pariétal postérieur droit, impliqué dans le stockage en tant que tel de l'information. Que constate-t-on ? Que cette région est très active quand on présente aux sujets des mots à retenir et qu'ils les retiendront bien. Par contre, son activité est très faible pour les mots auxquels est associée une instruction d'oubli. « Cela signifie que le filtre opéré par le gyrus frontal médian droit empêche le stockage des informations que les sujets ne doivent pas retenir », commente Fabienne Collette.

Activité-frontale-moyenne

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