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(Re)penser l’(in)sécurité
18/05/2015

Malte, l’ « île-prison »

Léa Lemaire (doctorante à Science-Po Aix et à l’Université Libre de Bruxelles) étudie pour sa part les processus de sécuritisation et d’insécuritisation face au phénomène d’immigration à Malte, depuis l’adhésion de l’île-Etat à l’Union européenne (2004).

Au début des années 2000, suite au renforcement des mesures de contrôle sur le détroit de Gibraltar et dans les îles Canaries, les routes de l’immigration irrégulière se sont déplacées vers la Méditerranée et les arrivées de migrants se sont multipliées à Malte, à Lampedusa et en Sicile. Entre 2002 et 2012, 16.000 migrants, originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne, ont débarqué à Malte, à raison d’environ 1.500 personnes par an.

L’article de Léa Lemaire interroge le dispositif sécuritaire mis en place par les autorités maltaises en la matière. Pour mettre en lumière la « spécificité du cas maltais », l’auteure a mené son enquête, entre 2010 et 2013, dans plusieurs centres de regroupement, véritables « camps d’étrangers ». Elle montre comment et à quel point l’enfermement des migrants (sécuritisation), vivement critiqué par le Conseil de l’Europe pour son manque de dignité humaine, s’est institutionnalisé dans l’urgence. Cela a contribué, explique-t-elle, à stigmatiser un groupe d’individus comme une menace pour la société.

En maltais, les migrants subsahariens sont désignés par le terme « klandestini ». Ce qui se traduit, dans la pratique, par de nombreuses discriminations dans tous les domaines. Ainsi, l’(in)sécuritisation contribue-t-elle à séparer une population, considérée comme « dangereuse », du reste de la société. Et à faire de Malte un « syndrome » de la restriction des libertés à la lisière de l’Union européenne... Une île-prison ? En effet.

L’(in)sécurité nucléaire au Moyen-Orient

Les politiques en matière de sécurité peuvent avoir des conséquences qui dépassent les frontières de plusieurs Etats... Kamal Bayramzadeh (enseignant et chercheur en Relations internationales à l’ULg et à celle de Paris 13) analyse quant à lui les enjeux sécuritaires de la prolifération nucléaire au Moyen-Orient, en particulier le projet nucléaire iranien  qui préoccupe tant l’Etat hébreu, les puissances régionales avoisinantes et les Etats-Unis. Bayramzadeh offre une définition large de la sécurité dans la mesure où, considère-t-il, la prolifération nucléaire peut avoir  des conséquences aux plans militaire et environnemental.

Selon Kamal Bayramzadeh, le nucléaire militaire israélien constitue un facteur de prolifération (même si Israël affirme la vocation défensive de son programme), car il a modifié les rapports de force au Moyen-Orient. L’Irak, l’Iran et la Syrie se sont lancés dans des projets nucléaires pour augmenter leur sécurité et leur puissance politique. Le scénario pessimiste qu’il brosse, au fil de son analyse, est le suivant : la poursuite de cette « course au nucléaire » pourrait causer le déclenchement d’une guerre entre les différents acteurs régionaux. La confrontation indirecte de l’Arabie saoudite avec l’Iran au Liban, en Irak et en Syrie par l’intermédiaire des terroristes islamistes s’inscrit dans cette rivalité régionale. Une paix juste et démocratique entre la Palestine et Israël, mais aussi la « nouvelle diplomatie nucléaire iranienne » sont les principaux éléments qui pourraient entraver le scénario pessimiste. Et l’auteur de préconiser la mise en place du projet onusien de « Zone Exempte d’Arme Nucléaire » (ZEAN).

L’UE, seule voie viable pour l’ex-Yougoslavie

Dans le même ordre d’idée, Liridon Lika (Département de Science politique de l’ULg) explore le rôle joué par l’Union européenne dans le processus de pacification à long terme des Balkans occidentaux. Il montre qu’avec sa politique actuelle d’élargissement - où la démocratie et les droits de l’homme doivent primer avant tout,  militairesl’Union européenne est devenue l’autorité la plus visible et probablement la seule alternative viable pour assurer la paix, la stabilité, la réconciliation ainsi qu’un avenir économique durable à la région. Toutefois, nuance Liridon Lika, l’UE ne parvient pas à agir en tant que bloc homogène. Elle manque par moment d’autonomie vis-à-vis de ses Etats membres et de cohérence dans sa stratégie d’action, ralentissant ainsi les réformes et le rythme d’adhésion de certains Etats des Balkans occidentaux dans la famille européenne.

Dès lors, conclut-il, sans l’apport d’une solution définitive aux conflits balkaniques, l’élargissement au cas par cas sera vraisemblablement porteur de défis sécuritaires dans la mesure où l’Etat qui le premier joindra l’UE disposera de la possibilité d’ensuite s’opposer, du moins à court et à moyen termes, à l’adhésion de ses voisins, menaçant ainsi la perspective européenne de la région.

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