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Des experts qui ont le nez fin
24/08/2012

« En fait, le concept de base de cette méthode date des années nonante mais n’est en plein essor que depuis quelques années, précise Jean-François Focant, responsable du Laboratoire de chimie analytique organique et biologique. Notre travail, étalé sur une quinzaine d’années, a consisté à mettre cette méthode en pratique et à mettre au point le couplage entre la chromatographie et différents spectromètres de masse. Dans le cas qui nous occupe, il faut voir le chromatographe comme une « machine » permettant de séparer chacun des composés prélevés à proximité du cadavre. Une fois séparés, les composés sont introduits dans une sorte de balance - le spectromètre de masse - qui, après ionisation et accélération des composés dans des champs magnétiques et électriques, identifie ceux-ci en fonction de leur masse via une comparaison avec des banques de données. L’innovation, c’est qu’au lieu d’avoir une séparation classique - à une seule dimension - des composés introduits dans le chromatographe, la nouvelle technique permet une séparation à deux dimensions. Résultat : nous pouvons maintenant tenir compte d’environ 300 composés supplémentaires qui, jusqu’ici, n’avaient pas été liés à la décomposition des cadavres du fait qu’ils étaient « cachés » par d’autres molécules ».

Etapes-décomposition-cochon

Un autre volet des recherches liégeoises, plus pédologique, a permis de mettre en évidence l’existence de composés organiques volatils spécifiques aux cadavres enfouis dans le sol. Il s’agit, en quelque sorte, de véritables « signatures » olfactives de la présence d’un cadavre ou d’une tombe. « Si on prélève les cinq à dix premiers centimètres d’un sol où se trouve un cadavre, on découvre, grâce à la nouvelle méthodologie développée, l’existence d’une série de molécules qui « marquent » littéralement l’environnement de celui-ci, précise Jean-François Focant. Celles-ci peuvent évidemment varier, par exemple en fonction de la végétation présente. L’intérêt pratique, c’est que si l’on soupçonne sur un site donné la présence d’un cadavre enseveli, on pourra confirmer cette hypothèse beaucoup plus rapidement, après une « simple » analyse d’échantillons de sol en laboratoire et sans procéder systématiquement à une opération de creusement. En comparant les bio-marqueurs d’un sol suspect avec ceux d’un sol vierge, on pourra comparer leurs « empreintes digitales » respectives et identifier le signe avant-coureur d’un éventuel phénomène de putréfaction ».

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