U.R.S.S. (Union des Républiques Socialistes Soviétiques)

URSSAncien État fédéral étendu sur l’Europe et l’Asie, de très loin le plus étendu de la planète, avec plus de 22,4 millions de km2. L’URSS est issue de la Révolution « bolchévique » (communiste) d’Octobre 1917, sous la direction de Lénine, qui a fondamentalement changé toutes les caractéristiques politiques, économiques et sociales de la Russie impériale dirigée par la monarchie des Tsars (1547-1917), tout en maintenant dans l’orbite de Moscou les territoires non-russes qui avaient été conquis sous l’empire (Asie centrale, Caucase, etc.).

L’URSS est devenue une grande puissance aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, notamment grâce à la construction de son arsenal nucléaire, à son potentiel scientifique marqué par ses succès précoces dans la conquête de l’espace, sa démographie (293 millions habitants en 1991) et son rayonnement politique auprès d’une partie de la gauche européenne (les partis communistes) et des pays en développement .

L’idéologie communiste exprimait, en effet, la priorité d’un progrès social où tous les hommes seraient égaux, dans une société « débarrassée de toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme ». Ces idées trouvaient un écho évident auprès des pays du Tiers monde et des mouvements de libération qui luttaient pour s’émanciper des derniers vestiges de l’ère coloniale, dans les années 1960 et 1970.

Victorieuse de l’Allemagne nazie aux côtés des pays d’Europe de l’Ouest et, surtout, des Etats-Unis, l’URSS a étendu son influence, après 1945, aux pays d’Europe centrale et orientale. Ces derniers ont adopté, volontairement ou non, une organisation politique, économique et sociale comparable à celle du « modèle » soviétique : rôle central du parti communiste, absence de démocratie, collectivisation de la plupart des moyens de production, économie planifiée. A cela s’est ajoutée la création d’une alliance militaire, le Pacte de Varsovie, censée faire contrepoids à l’alliance militaire occidentale, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui rassemble les pays d’Europe occidentale autour des Etats-Unis, du Canada et de la Turquie.

Les ingrédients de la Guerre froide sont ainsi réunis dès la fin des années 1940, lorsque  l’URSS se lance dans une forme de compétition pour le leadership mondial et dispute aux Etats-Unis le « rôle dirigeant » qui semble leur être acquis, sur le plan mondial, depuis la fin de la guerre. « Est » contre « Ouest » : le monde entre peu à peu dans un affrontement bipolaire. L’« Est », d’abord : l’URSS s’érige en partenaire d’émancipation, figure de proue des peuples opprimés par les puissances coloniales. Elle aide, directement ou par alliés interposés, les mouvements de libération à contester le joug métropolitain et propose aux jeunes nations d’adopter un modèle politique, économique et social comparable au sien. L’« Ouest », ensuite : derrière les États-Unis, les pays d’Europe occidentale, le Japon, le Canada et l’Australie dénoncent « l’expansionnisme soviétique » et défendent le modèle de l’économie libérale de marché contre le « communisme totalitaire », désigné comme liberticide et incapable de satisfaire les besoins de la population.

Revolution-octobreAu long des décennies 1950 à 1980, les États-Unis et l’URSS se livreront à une gigantesque course aux armements, qui leur vaudra l’appellation de « superpuissances ». Les deux « grands » vont aussi se livrer à une course d’influence mondiale, en soutenant leurs « camps » respectifs dans les luttes qui déchirent le Tiers monde. La Guerre de Corée (1950-1953) et la seconde Guerre du Vietnam (1964-1975) n’en sont que les exemples les plus frappants. Heureusement, les deux superpuissances sauront éviter (parfois, de justesse) de se livrer à un affrontement direct en recourant à leurs arsenaux nucléaires. La raison de cet évitement est à chercher dans ce que l’on appelait l’ « équilibre de la Terreur ». Explication : chacune des deux superpuissances s’était équipée d’un arsenal nucléaire d’une puissance et d’une variété telles qu’un premier tir nucléaire de l’une aurait immédiatement déclenché une foudroyante riposte de l’autre. Conscientes de ce risque de « destruction mutuelle assurée », les deux capitales, Washington et Moscou, ont préféré ne pas s’y exposer.

L’équilibre de la Terreur a failli être rompu lorsque le président américain Ronald Reagan annonça, en 1983, son intention de protéger le territoire américain contre les attaques de missiles, au moyen d’un bouclier spatial, dans le cadre d’un plan baptisé « Initiative de Défense Stratégique (IDS) », popularisé sous le terme de « guerre des étoiles ».

L’IDS aurait rompu l’équilibre de la Terreur parce qu’elle aurait rendu le territoire étasunien inviolable à une attaque soviétique, tandis que le territoire soviétique serait resté vulnérable à une attaque américaine. Le projet « IDS » sera abandonné en 1993, après l’éclatement de l’URSS.
Mais le projet IDS est probablement l’un des facteurs qui ont concouru à l’effondrement de l’Union soviétique, parce qu’il aurait obligé Moscou à un nouvel effort considérable dans la course aux armements, à un moment où son économie, pénalisée par la baisse des prix pétroliers, n’était plus en mesure de le soutenir.
Parmi les autres causes généralement avancées pour expliquer l’effondrement de l’URSS, on peut citer :
-les mauvaises performances de l’économie, incapable de pourvoir normalement aux besoins de la population ;
-la persistance d’un système bureaucratique lourd et inefficace ;
-la lassitude de la population, et surtout des intellectuels, face à l’absence de démocratie, la multiplication des phénomènes de dissidence ;
-la volonté des pays satellites d’Europe centrale et orientale de s’émanciper du système soviétique, symbolisée par la chute du Mur de Berlin en 1989 ;
-la résurgence des revendications identitaires, voire religieuses, dans nombre de républiques fédérées de l’URSS.

Drapeua-fédération-RussieConscient des faiblesses de son pays, le dernier président de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, tenta vainement d’y remédier au moyen d’un ambitieux mais tardif programme de réformes, connu sous les deux noms de glasnost (transparence) et perestroïka (reconstruction, rénovation).

La dissolution de l’URSS, en décembre 1991, allait donner naissance à non moins de 15 nouveaux pays indépendants, en Europe de l’Est, dans le Caucase et en Asie centrale. La disparition d’une des deux superpuissances mettait fin à un monde « bipolaire » et ouvrait une ère de grandes incertitudes, en réduisant les facteurs de prévisibilité dans les relations internationales. La Fédération de Russie (143 millions d’habitants, 17 millions de km2) a pris la succession de l’URSS, héritant de son arsenal stratégique et de son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies.