Verhaeren, Emile (1855-1916)

Poète belge francophone, né à Saint-Amand (province d'Anvers) et mort accidentellement en France, en gare de Rouen. Né dans un milieu aisé où le français était la langue parlée alors que le flamand l'était dans les couches populaires, il étudie le droit à l'Université de Louvain, s'inscrit ensuite au barreau de Bruxelles et commence à travailler au sein du cabinet d'Edmond Picard qui l'introduit dans les milieux artistiques et littéraires belges. Il renonce cependant très vite à la carrière juridique, préférant de loin écrire dans L' Art moderne et La Jeune Belgique, ce qui lui permet d'appuyer de sa plume les jeunes artistes comme James Ensor. Son premier recueil de poèmes, Les Flamandes (1883), de facture naturaliste, présente une série de « tableaux » inspirés par sa région natale. Mais sa poésie, marquée par le symbolisme, acquiert bientôt un ton lugubre (Les Flambeaux noirs, 1891), avant de se convertir à la modernité et au progrès de l'humanité: c'est l'époque où il se rallie au socialisme et où il donne ces chefs-d'oeuvre de musicalité que sont Les Campagnes hallucinées (1893), Les Villages illusoires (1895) et Les Villes tentaculaires (1895). Sa renommée s'étend alors en France, puis à l'Europe entière. La Grande Guerre remet cependant en question ses valeurs humanistes et sa foi en un avenir meilleur, désarroi très perceptible dans sa dernière oeuvre: Les Ailes rouges de la guerre (1916).