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Quand le Grand Bleu met des poissons dans tous leurs états... morphologiques
26/04/2017

IMG2 Fossile Ceratoichthys pinnatiformis

« Dans le milieu scientifique, actuellement, on tend à rendre les données accessibles à tout le monde, notamment via des sites internet comme Morphobank, ou des sites de données génétiques, notamment PubMed. » 

« Mon collègue Francesco Santini [de Pise] a parcouru les musées d’histoire naturelle pour prendre des clichés des espèces qui nous intéressaient. C'est quelque chose qui revient dans l'étude de la biodiversité. Il y a cinq, dix ans, on voyait les musées comme un endroit où on mettait les organismes dans de l'alcool, puis ils ne servaient plus à rien. Mais ce n'est plus du tout le cas maintenant, il y a beaucoup de chercheurs qui retournent dans ces musées pour prendre des photos (ou autres images) des organismes, pour les sortir de leur flacon et étudier leur morphologie. Les musées permettent d'avoir accès à une banque d'espèces énorme. », explique le docteur Frédérich.

Une méthode de récolte bien loin de cette image d'aventurier qu'Hollywood prête parfois aux scientifiques, mais qui a permis d'obtenir une base de données de 384 spécimens répartis dans 178 espèces de Carangidae, dont 24 espèces fossiles. « On avait besoin d'un groupe de poissons où l'on pouvait trouver pas mal de fossiles bien préservés, afin de pouvoir prendre des mesures morphologiques précises. »

(Image de droite) Fossile de Ceratoichthys pinnatiformis (de Blainville, 1818) datant de l'Eocene (Yprésien tardif) deMonte Bolca (Grotte de Pesciara) en vue latérale gauche. © Roberto Lazzarin (Collezione Museo Civico di Storia Naturale di Verona). 

Pas de différence dans le rythme de spéciation...

Au total, 47 points repères ont été choisis pour décrire en vue latérale la forme du corps des spécimens (figure 1), capturant ainsi l'élongation du corps (c'est-à-dire le ratio entre la longueur du poisson et sa hauteur) et sa courbure, plus particulièrement au niveau de la région céphalique. L'élongation est directement liée aux performances de nage, comme la manœuvrabilité, les capacités d'accélération et l'endurance, des caractéristiques qui confèrent un avantage en milieu pélagique. La courbature de la région céphalique, elle, est sujette à des variations importantes au sein de ce groupe, permettant ainsi de percevoir au mieux leur évolution morphologique.

FIG1 Carangidae

Marqueurs morphologiques utilisés pour l'analyse des variations dans la forme du corps des poissons, illustrés sur Alepes djebada. Les marqueurs d'élongation sont représentés sous forme de cercles numérotés, ceux pour la courbature sous forme de rectangles noirs. (c) CC J.E. Randall issue de http://pbs.bishopmuseum.org/images/JER/).

Un arbre phylogénétique, échelonné sur le temps, peut alors être produit, grâce à la combinaison des modèles d’évolution moléculaire et des datations des fossiles. La génétique nous donne les liens de parentés et les fossiles imposent des contraintes temporelles. Sur cet arbre, l’évolution du régime alimentaire (piscivore ou non) et du type d'habitat (récifal ou non) a été retracé. Pour les espèces éteintes, l'habitat a été déduit des roches où ont été prélevés les fossiles.

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