Alzheimer : quand on ne sait pas qu'on sait...
Ils présentèrent à 23 patients, sur un écran d'ordinateur, 80 photos de personnages célèbres et 80 de personnes inconnues en veillant à ce que les deux échantillons soient harmonisés l'un par rapport à l'autre sur les plans de l'âge, du sexe, de l'origine ethnique, etc. Pour les personnages célèbres, les psychologues effectuèrent d'abord un prétest chez des sujets âgés normaux afin de s'assurer qu'ils étaient effectivement connus. Alain Delon, par exemple. Pour les inconnus, une phase d'apprentissage était nécessaire. La première étape avait pour but de permettre aux patients de se familiariser avec les visages des différentes personnes apparaissant à l'écran. « Nous montrions les visages, puis nous demandions aux participants d'indiquer s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, rapporte Sarah Genon. Ensuite commençait la phase d'encodage en mémoire, où nous fournissions le nom de la personne (Caroline Martin, par exemple) et, afin de favoriser l'association en mémoire du visage et du nom, nous posions des questions telle que "Trouvez-vous que Caroline Martin porte bien son nom ? Et pourquoi ?". Enfin, nous cachions le nom de la personne sur l'écran d'ordinateur où apparaissaient les photos et demandions au patient un rappel immédiat de ce nom. En cas de bonne réponse, nous considérions que l'information était encodée et passions à l'item suivant ; en cas d'échec, nous recommencions la procédure. » Mise en échecS'agissant de la métacognition portant sur la mémoire épisodique (personnages fictifs), il apparut que par rapport à la population des personnes âgées non atteintes de la maladie (échantillon de 17 volontaires), les patients Alzheimer étaient proportionnellement beaucoup plus nombreux à s'accorder peu de chances de reconnaître un visage qu'ils identifieraient pourtant correctement peu après - en quelque sorte, ils ne savaient pas qu'ils savaient. Par contre, quand la métacognition avait trait à la mémoire sémantique (personnages célèbres), les patients avaient conscience qu'ils possédaient de fortes chances de reconnaître la personne. « Ils jugeaient leurs performances en mémoire sémantique de manière similaire aux personnes âgées normales », précise encore Sarah Genon. Page : précédente 1 2 3 suivante
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