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Sus à l’envahisseur végétal
25/05/2012

Les vecteurs de dispersion des espèces sont, quant à eux, multiples. Il y a bien sûr les facteurs naturels : les graines peuvent être dispersées par le vent, les oiseaux, les cours d’eau ; c’est aussi le cas des fragments de rhizome, dont quelques grammes suffisent pour régénérer un individu. Certaines espèces, elles, se reproduisent de manière végétative, sans reproduction sexuée. Sans compter les dispersions directement imputables à l’homme – plantations dans les parcs et jardins, dépôts sauvages de déchets verts, transports de sol ou encore travaux de remblais et déblais en milieu urbain – qui participent, elles aussi, des phénomènes d’invasion. « Avec le flux des véhicules, les bords de route – tout comme les voies de chemin de fer – se transforment eux aussi en de véritables corridors de dispersion », ajoute Mathieu Halford. Dans ces conditions, repousser ces espèces hors de chez nous relève presque de l’entreprise impossible. 

Invasive-rosier

Miser sur la prévention

Par ailleurs, si les scientifiques connaissent les risques liés aux plantes invasives, ce n’est malheureusement pas le cas du secteur horticole et du grand public, lesquels « sont confrontés à un cruel manque d’information. » D’où l’utilité d’AlterIAS qui entend, à travers une campagne d’information, réduire les introductions volontaires des plantes invasives dans les jardins, les parcs, les étangs d’agrément, les espaces verts et les bords de routes. Soumis en 2008 et accepté en 2010 pour une durée de quatre ans, le projet est structuré en trois campagnes : une campagne d’information générale sur les plantes invasives ; une deuxième campagne, « actuellement en cours », axée sur les solutions ; et, enfin, une campagne de sensibilisation destinée spécialement à  l’enseignement horticole. Le public-cible brasse autant les professionnels de l’horticulture, les amateurs de jardinage que l’enseignement horticole. « En matière de solutions pour enrayer la dissémination des plantes invasives, il y a deux grandes stratégies. La gestion, d’une part : on va sur le terrain et on essaie de freiner le développement des populations établies dans la nature, voire même parfois de les éliminer, ce qui suppose des moyens techniques importants, coûteux, sans pour autant assurer un résultat concluant ; et, d’autre part, la prévention : on met en place des instruments visant à limiter les introductions (plantation, commercialisation) des espèces envahissantes. » C’est à ce stade que l’information des différents publics est essentielle. Le code de conduite érigé dans le cadre du projet suit la deuxième voie. Ce document – une première en Belgique – développé dans un esprit participatif, à partir d’une dizaine de tables rondes qui ont réuni les principales fédérations et associations horticoles actives dans le pays, préconise toute une série de bonnes pratiques à suivre afin d’éviter les introductions et la dispersion des plantes invasives. Les professionnels du secteur horticole, associations et fédérations comprises, sont conviés à y adhérer. Cinq mesures y sont mises en évidence :

1.    Se tenir informé de la liste des plantes invasives en Belgique (disponible sur la plateforme belge pour la biodiversité)
2.    Stopper la vente et/ou la plantation de certaines plantes invasives en Belgique
3.    Diffuser de l’information sur les plantes invasives aux clients ou aux citoyens
4.    Promouvoir l’utilisation de plantes alternatives non invasives
5.    Participer à la détection précoce des plantes invasives

Basé sur le libre engagement, le code privilégie l’autorégulation à la contrainte ou la sanction. Car il n’est pas question de fustiger le secteur horticole pour mauvaises pratiques. Au contraire. « Celui-ci se montre d’ailleurs ouvert à ce genre disposition, insiste Mathieu Halford, en témoigne l’adhésion des principales fédérations horticoles du pays. Jusqu’à présent, l’utilisation des espèces invasives, que ce soit par les professionnels ou les particuliers, est la conséquence d’une information lacunaire sur la problématique. Ce public n’est généralement pas conscient des risques environnementaux liés à ces espèces.» AlterIAS espère bien y remédier.

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