Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Sus à l’envahisseur végétal
25/05/2012

Impact écologie et économique

Qu’elles se prénomment renouée du Japon, berce du Caucase, balsamine de l’Himalaya, rosier rugueux, lupin vivace, jussie à grandes fleurs, ou autre, les plantes invasives sont des espèces exotiques qui, pour la plupart, ont été introduites volontairement dans nos contrées suite aux premiers engouements pour la pratique du jardinage. « En Belgique, poursuit Mathieu Halford, on en dénombre une soixantaine d’espèces, ce qui est certes une proportion très faible - moins de 1 % - parmi l’ensemble des plantes ornementales disponibles sur le marché (des dizaines de milliers). Mais, insiste-t-il, les impacts peuvent êtres considérables. »

Invasives-étang
Justement, quels sont ces impacts et comment la plante s’y prend-t-elle pour terrasser ses concurrentes locales ? « Tout d’abord, il y a les impacts sur les espèces indigènes engendrant des pertes de biodiversité, comme expliqué plus haut. Il y a également des impacts sur les écosystèmes. Par exemple, certaines plantes invasives peuvent modifier les propriétés physico-chimiques du sol. La renouée, pour reprendre son exemple, dispose d’un réseau de rhizomes – de tiges souterraines – qui varie de 3 à 7 mètres de profondeur ; cela lui permet de pomper des éléments minéraux en profondeur dans le sol et de les restituer au niveau des couches superficielles du sol (l’humus). Les teneurs en éléments minéraux y sont modifiées ce qui altère le cycle des nutriments et la composition de l’humus par rapport à celui que l’on trouve sur une végétation « normale ». D’autres plantes invasives, aquatiques, sont, elles, capables d’asphyxier des plans d’eau en formant des tapis denses qui vont recouvrir la surface, empêchant ainsi la lumière d’y pénétrer et freinant la circulation de l’oxygène dans le milieu aquatique. » Pour être encore plus compétitifs, certains de ces petits envahisseurs végétaux ont quant à eux pour stratégie de libérer au niveau de leur système racinaire des substances toxiques dans le sol, lesquelles vont tout bonnement empêcher le développement d’autres végétaux. « Et puis il y a, enfin, les espèces invasives de la famille des Fabacées (les légumineuses, comme par exemplele robinier faux–acacia et le lupin vivace) dont la particularité est de pouvoir capter l’azote atmosphérique et de le libérer dans le sol. Elles enrichissent ainsi le milieu en azote, ce qui pose problème dans les milieux semi-naturels : de nombreux milieux à grande valeur écologique sont en effet caractérisés par des sols dits oligotrophes, c’est-à-dire pauvres en azote ; le maintien de ces conditions est primordial pour maintenir l’habitat et la végétation caractéristiques de ceux-ci. Si une espèce légumineuse envahit ce genre de milieu, si elle enrichit le sol en azote, elle va modifier la composition botanique et les conditions du sol et la végétation typique de ce milieu va être altérée. » L’impact écologique de certaines plantes invasives est important puisque non seulement la flore est touchée, mais la faune qui y est associée est également perturbée – les insectes pollinisateurs, la faune du sol et les populations d’oiseaux, entre autres. Il est important de nuancer que toutes les plantes invasives n’ont pas le même impact environnemental. Certaines sont dommageables pour la biodiversité, tandis que d’autres sont moins problématiques en Belgique par rapport à d’autres pays européens. A côté de l’impact écologique, il existe aussi un impact économique car il est très difficile de freiner l’avancée de ces espèces, pour le moins résistantes, dès qu’elles sont installées dans les milieux naturels. Les moyens à mettre en œuvre sont extrêmement coûteux. Les coûts pour les gestionnaires de terrain sont dès lors parfois astronomiques. Deux exemples : en Allemagne, les coûts annuels pour la gestion de la berce du Caucase sont estimés à 12 millions d’euros ; en Flandre, un million d’euros est nécessaire chaque année pour la gestion de l’hydrocotile fausse-renoncule.

Page : précédente 1 2 3 suivante

 


© 2007 ULi�ge