Les carpes ont la fièvre
Point par point, que démontre exactement cette étude ?1 - La première description de l'inhibition de la fièvre comportementale par un pathogène. Les résultats indiquent que la fièvre comportementale a agi comme une pression de sélection sur les pathogènes tout au long de l'évolution. Il est important de noter que cette étude est aussi le premier rapport d'un virus de vertébré capable de modifier le comportement de son hôte par l'expression d'un gène unique: jusqu'à présent, il n'existait que deux exemples connus de gènes viraux capables d'affecter le comportement de l'hôte, et les deux exemples sont des gènes provenant de baculovirus (2) qui infectent les invertébrés. 2 - Ce travail étend la connaissance de la relation évolutive et fonctionnelle entre la fièvre comportementale des ectothermes et la fièvre des endothermes à des médiateurs cytokinaires dont l’origine remonte à plus de 400 millions d'années. Alors que quelques études antérieures ont démontré que la fièvre comportementale des ectothermes et la fièvre des endothermes sont liées évolutivement de par leur régulation au niveau du système nerveux central (prostaglandines), aucune étude n'avait encore démontré si cette relation évolutive s'étend aux cytokines qui informent le cerveau des infections détectées dans le corps par les cellules immunitaires. La découverte que le Tnfα induit la fièvre comportementale chez le poisson, en plus de sa médiation bien connue de la fièvre chez les mammifères (y compris les humains), est vraiment fascinante. Les résultats suggèrent en outre que la voie de signalisation ancestrale de la régulation de la fièvre comportementale chez les ectothermes a évolué chez les endothermes pour réguler l'expression de la fièvre. 3 - Un nouveau mécanisme par lequel les changements de température environnementaux peuvent contribuer à l'émergence d’une maladie. Ces données démontrent que si une infection peut être bénigne dans des conditions où l'environnement est compatible avec l'expression de la fièvre comportementale, elle pourrait causer un taux de mortalité élevé lorsque l'environnement ne permet pas l'expression de ce comportement. Cette constatation a des implications écologiques importantes et doit être prise en compte lors de l'examen, par exemple, des modifications des habitats naturels, de l'introduction d'ectothermes dans de nouveaux biotopes et des conditions environnementales dans les systèmes aquacoles. 4- Cette étude apporte une nouvelle dimension à l'enrichissement environnemental pour les animaux de laboratoire. Cette étude rapporte le premier gène viral d'un virus de vertébré qui est capable de modifier le comportement de son hôte. De façon remarquable, l'expression phénotypique de ce gène n'a été observée que dans des conditions qui imitent les gradients de température d'un milieu naturel et aucune expression phénotypique de ce gène n'a été observée dans des conditions standards de laboratoire. Cette étude illustre le concept que l'enrichissement de l'environnement pour les animaux de laboratoire peut être essentiel pour révéler la fonction de nombreux gènes viraux et cellulaires qui ne montrent pas un phénotype dans des conditions classiques de laboratoire. 5- Un exemple frappant de l'effet du système immunitaire sur le système nerveux central. Un domaine scientifique émergent est l'étude des interactions entre le système immunitaire et le système nerveux central (3). Ce travail fournit un exemple impressionnant à l'appui de ce concept et démontre que les agents pathogènes peuvent cibler ces interactions. En conclusion, le travail mené au laboratoire du Pr Alain Vanderplasschen fournit des résultats importants concernant les interactions hôte-pathogène et s’avère fort intéressant pour plusieurs domaines scientifiques, y compris la virologie, l'immunologie, le comportement animal, l'évolution, l'écologie et même le bien-être animal. ![]() (2) Science 2011, 333: 1401; PNAS 2005 102: 2584-2589 Page : précédente 1 2
|
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||