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Vers moins d’inondations en Ardenne ?
07/02/2017

Inondations ardenne 3
Figure 2 : Evolution du run-off (écoulement des eaux) modélisé et du débit mesuré à Sauheid lors des inondations de janvier 2011.
Il y a inondations lorsque la courbe bleue dépasse un certain seuil représenté en pointillé rouge.
 

Cependant, il faut souligner que dans la réalité, tous les épisodes de fortes pluies et/ou de fonte de neige ne génèrent pas systématiquement des inondations en raison de l'intervention de facteurs non-climatiques tels que l'état initial de saturation en eau du sol ou encore le niveau de la rivière avant de tels épisodes de pluie/fonte de neige. De ce fait, toutes les périodes propices aux inondations détectées par le modèle ne génèrent pas nécessairement une inondation observée.

Comment ont évolué les conditions climatiques favorisant les inondations hivernales au cours de ces cinquante dernières années ?

Au cours de la période 1959-2010, les tendances calculées sur base des résultats du modèle montrent une diminution significative du nombre de jours favorables aux inondations causées par la combinaison fonte de la neige/pluie (Figure 3). « Cela s'explique par une diminution significative des épaisseurs de neige accumulées en Ardenne, du nombre de jour avec accumulation de neige au sol mais aussi par un raccourcissement de la saison d'enneigement, commente Xavier Fettweis, co-auteur de l’étude et chercheur qualifié (FNRS ) au sein du Laboratoire de Climatologie. Celle-ci commence de plus en plus tard au fil des ans. »

Pour ce qui est du deuxième type d'inondations, celles générées uniquement par de fortes pluies, le nombre de jours qui y est favorable présente une petite augmentation sans toutefois être significative (Figure 3). Au cours de la période étudiée, le modèle simule en effet une légère augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements de précipitations extrêmes en Belgique, en accord avec les observations effectuées par l'IRM.

Inondations ardenne 4 

Figure 3 : Evolution, au cours de la période 1959-2010, du nombre de jours favorables aux deux types d'inondations rencontrées dans les rivières Ardennaises : celles générées par la combinaison pluies/fonte de la neige et celles générées uniquement par de forte pluie. Les tendances (« trend ») indiquées sont significatives si leur valeur absolue est supérieure au « range ».

 

A quoi peut-on s'attendre dans le futur ?

Dans le futur, on peut s'attendre à ce que ces tendances se poursuivent. De nombreuses études prévoient en effet une sévère diminution de l'enneigement en Europe, de même qu'une intensification des précipitations extrêmes. « Dans un premier temps, résume Coraline Wyard, les conditions climatiques favorisant les inondations en Ardenne devraient être moins souvent rencontrées à mesure que la neige se raréfie. Cependant, dans un second temps, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des précipitations extrêmes devrait compenser la raréfaction de la neige, si bien qu'à la fin du XXIe siècle, il devrait y avoir autant, si pas plus, de périodes favorables aux inondations. Les inondations devraient ainsi être presque exclusivement générées par des pluies intenses alors qu'actuellement ce type d'inondations hivernales représente seulement la moitié de celles-ci. »

 Il est toutefois important de noter que cette étude ne traite que de la composante climatique des inondations et ne prend pas en compte les impacts de l'Homme sur la couverture du sol (ex : urbanisation, construction de parking, route, déboisement, reboisement, etc.) et sur l'aménagement des rivières (ex : construction de murs anti-crue, curage de dépôts, construction/étêtement de barrage, etc.) influençant directement l’occurrence et l'intensité des inondations observées pour des mêmes conditions climatiques. 

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