Par Thibaut Lamoureux,
Doctorant au Laboratoire de Physiologie végétale (Dpt des Sciences de la vie)
Texte publié en 2012

Etudier la floraison peut avoir une importance économique majeure.

Pour un grand nombre de personnes n’appartenant pas au monde scientifique, les fleurs sont généralement simplement associées à l’ornement. Les fleurs restent associées à la beauté simple de la nature. Il paraît cependant moins évident que les fleurs revêtent une importance économique majeure, liée à leur intérêt dans l’agriculture. En effet, la présence de fleurs est une condition nécessaire à de bons rendements de production, donc à une alimentation humaine suffisante. 

C’est quoi une fleur ?

Les fleurs sont les organes reproducteurs des plantes. Si quelques plantes, comme le fraisier, se propagent de manière asexuée, un grand nombre de plantes possèdent en fait des organes reproducteurs. Cela génère une grande variété de fleurs, certaines possédant à la fois les organes mâles et femelles, d'autres un seul des deux types. Pour que la fécondation se passe correctement, certaines fleurs nécessiteront la présence d’insectes ou d’animaux, d’autres la présence de vent. Une fois la fécondation effectuée, la fleur donnera naissance à un ou plusieurs fruits, selon l’espèce. Ces fruits pourront alors être récoltés pour être consommés ou semés. Les rendements de récoltes des fruits dépendent donc directement de l’efficacité de la formation des fleurs : un plus grand nombre de fleurs donnera plus de fruits. 

Il existe donc une réelle demande de la part des entreprises agricole pour répondre à des questions précise au sujet de la floraison de certaines espèces cultivées. Ainsi, le riz, le blé et le maïs, servant à l’alimentation humaine ou animale, occupent à eux trois plus de 50% des surfaces cultivables: ils présentent donc une importance économique majeure. Leur floraison est au centre des préoccupations agricoles, une floraison faible ou tardive pouvant faire s’effondrer les rendements.

En quoi consiste la recherche sur la floraison ?

L’étude du contrôle de la floraison, à laquelle s’intéresse le laboratoire de physiologie végétale de l’Université de Liège, est primordiale pour comprendre et aider les espèces cultivées à fournir de meilleurs rendements de production. Le laboratoire met à disposition des chercheurs et des entreprises des chambres de cultures appelées « Phytotrons ». Ces phytotrons sont constituées d’une enceinte climatisée et finement régulée en température, humidité et luminosité. Elles permettent donc de reproduire artificiellement un grand nombre de climats.  En effet, chaque espèce possède des mécanismes de floraison propres, et chaque espèce va répondre à sa manière aux différentes conditions environnementales. Les choux ne fleuriront que si la durée des jours est suffisamment longue, alors que le riz ne s'y mettra que lorsque les jours sont très courts ; la chicorée ne fleurira que si elle a subi une période de froid et le maïs que s’il atteint un nombre de feuilles suffisant. De plus, si l’on cherche à améliorer la floraison des espèces dont on récolte les fruits, on cherche également à éviter la floraison des plantes dont on récolte d’autres parties. C’est le cas de la betterave sucrière dont on cultive la racine. Toutes ces différences sont critiques pour la culture de ces espèces. Il est donc très intéressant de se demander comment les différentes espèces vont initier la formation de leurs fleurs.

Etudier tous ces mécanismes en laboratoire et en phytotron dans un premier temps, permettra d’appliquer les conclusions directement en champs. L’enjeu, ici, est de répondre au besoin croissant de nouvelles espèces cultivables et d’augmentation des rendements. Dans le futur, deux problèmes majeurs risquent de se poser au sujet de l’agriculture : l’augmentation exponentielle de la population et le réchauffement climatique. Ce dernier est en effet responsable d’une diminution importante des récoltes de certaines espèces.  A terme, le laboratoire de physiologie végétale espère mettre en évidence le plus grand nombre de mécanismes permettant la floraison des différentes espèces.