Video ergo cogito
Ainsi, dès le premier chapitre, Philippe Dubois s’autorise un écart historique qui pourrait provoquer un infarctus auprès d’une personne trop cartésienne. « Ce n’est pas parce que quelqu’un a un nouvel outil à disposition qu’il va créer un nouvel art, avance Philippe Dubois. L’art peut-être très archaïque en utilisant de nouveaux outils, et à l’inverse être très novateur avec d’anciens outils. Dans le premier texte de l’ouvrage, que j’ai écrit il y a trente ans, j’ai conscience de jouer avec une certaine provocation sur un bel anachronisme en affirmant que la photo et la vidéo sont à l’origine de la peinture. C’était une manière d’affirmer que je suis contre la pensée téléologique dans les arts et dans les images, en tant que construction d’un évolutionnisme de la pensée. L’intérêt de ce texte est de démontrer qu’il n’y a pas de téléologie dans l’esthétique. Elle se différencie de la technologie. Bien sûr, elles sont par moments liées, mais elles sont aussi distantes l’une de l’autre. En posant ce postulat, on peut associer des démarches et des modes de pensée qui n’ont a priori rien en commun. Par exemple, une main peinte sur une paroi des grottes de Lascaux, en termes de pensée, ramène déjà à la question de la photographie. » D’un point de vue technique, les deux démarches n’ont rien à voir. Mais si on s’attarde sur la pensée qui amène une personne à vouloir figer le réel dans le temps, en image… Vidéo trouble, de l’impossible définition intrinsèque à la transversalité« J’ai longtemps cru qu’il était possible de trouver des valeurs propres à la vidéo, une esthétique propre, par exemple, avoue le théoricien. Mais j’ai relativisé cette croyance, depuis. » Cette ambition, qui se révèlera du constat même de l’auteur infondée, traverse toute la première partie de l’ouvrage, consacrée à la vidéo et à la théorie des images. Elle permet pourtant bel et bien de poser un cadre d’observation intéressant, et d’asseoir la vidéo en tant que concept, de la replacer dans son histoire. Cette première partie pose les jalons de la vidéo, ses racines, en tant que technologie, en tant qu’esthétique, en tant que marquée par sa filiation à la peinture, à la photo, au cinéma, aussi, mais également aux ombres, aux miroirs, à l’image. |
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