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L’ardoise magique
17/11/2016

Différents cas de figure

Première constatation lorsqu’on plonge un tel ensemble dans un champ magnétique : les vortex se comportent différemment selon qu’il y a, ou non, une couche magnétique au-dessus du supraconducteur. Sans couche magnétique, les vortex entrent dans le supraconducteur par le milieu des bords du matériau, de façon symétrique ; lorsqu’il y a une couche, la pénétration est favorisée sur un bord, fonction de l’orientation de l’aimantation de la couche.

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Images du champ magnétique obtenues grâce à la technique de l’imagerie magnéto-optique. Les zones noires correspondent à un champ magnétique nul, tandis que les zones blanches indiquent un champ magnétique intense. L’image (a) cartographie le champ magnétique dans un film supraconducteur carré similaire à celui présenté à la figure 1, et montre que la pénétration se fait préférentiellement par le milieu des côtés. Lorsque le supraconducteur est partiellement couvert par une couche magnétique d’une épaisseur de 450 nm, comme dans l’image (b), les vortex pénètrent plus facilement par le côté gauche, tandis qu’ils sont retardés ailleurs. Le côté où la pénétration est privilégiée est contrôlé par la direction de l’aimantation de la couche magnétique, représentée par la flèche orange.

« Ces constatations avaient déjà été faites précédemment, explique Jérémy Brisbois, mais nous avons obtenu des images plus claires que celles disponibles à ce jour. » Forts de ce succès, les physiciens liégeois ont ensuite multiplié les expériences en faisant varier différents paramètres. Parmi ceux-ci, l’épaisseur de la couche ferromagnétique, tantôt 50 nm, tantôt 450 nm. Ou la température, variable très importante quand on parle de supraconductivité puisque le phénomène n’apparaît que sous un seuil critique.

Ardoise magique illu3
L’image (a) cartographie la pénétration des vortex lorsque l’aimantation de la couche magnétique est dans la direction de la flèche orange. Contrairement à la figure 2, le flux entre ici brutalement sous la forme de branches étroites, appelées avalanches. Lorsque le dispositif est réchauffé au-dessus de sa température critique, la supraconductivité disparaît, et l’image (b) montre les traces laissées par les vortex dans la couche magnétique, d’une épaisseur de 50 nm. Celles-ci sont seulement présentes du côté où les vortex sont rentrés dans la direction opposée à l’aimantation, car elles résultent du renversement de l’aimantation par le flux entrant dans le permalloy. L’image (c) indique une excellente correspondance entre les traces dans la couche magnétique (en rouge) et la pénétration des vortex (en bleu) ; les endroits où bleu et rouge se superposent sont colorés blanc.

Parmi les différents résultats ainsi obtenus, qui contribuent à mieux faire comprendre le phénomène de formation et progression des vortex dans le supraconducteur, l’un d’entre eux est particulièrement remarquable. Lorsque le dispositif est refroidi à très basse température (4K ou -269°C), les vortex entrent brutalement dans le supraconducteur et forment des branches de flux magnétique, aussi appelées avalanches. Dans ce cas, lorsque la température est augmentée jusqu’à détruire complètement la supraconductivité, les traces des vortex restent visibles dans la couche magnétique. « Autrement dit, explique Jérémy Brisbois, nous avons réussi à imprimer les trajectoires des vortex, et à en garder une trace avant qu’ils ne disparaissent. » Un résultat d’autant plus intéressant que les traces restent visibles à température ambiante, ce qui facilite évidemment leur observation et l’étude du comportement des vortex.

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