L’identité wallonne ? Solidaire et tolérante
Sentiment wallon, flamand : des bases différentesHistoriquement, le sentiment flamand et le sentiment wallon se sont construits sur des bases profondément différentes. En Flandre, une véritable ébauche de sentiment national s’est construite contre la domination d’une élite vécue à tous points comme étrangère : une élite économique « belgicaine » et parlant français, étrangère à la culture flamande et au vécu quotidien des Flamands, lourdement marqué par l’Eglise. Au sud du pays, le sentiment wallon ne s’est pas forgé comme une réaction « nationalitaire » à une domination étrangère, mais plutôt comme une réaction sociale à une domination économique endogène. On peut donc comprendre qu’à l’inverse de la Flandre, il ne se soit pas construit un fort sentiment « anti-belgicain » au sud du pays, la Belgique n’étant pas ressentie comme une domination étrangère. Un consensus « social-libéral »Une chose est d’évoquer les sentiments d’appartenance, une autre est de connaître les représentations, les « contenus représentationnels » auxquels ils sont associés. A cet égard, on dispose d’un échantillon important sur les valeurs socio-politiques des Wallons, recueilli au cours des enquêtes réalisées pendant les vingt dernières années. Sur cette base, Marc Jacquemain avance l’hypothèse –qui demanderait à être creusée- que l’identité wallonne s’exprime peut-être davantage dans les valeurs politiques que dans une vision « historique » plus ou moins réaliste ou folklorique. L’ensemble des enquêtes montre que la majorité des Wallons sont attachés à un modèle socio-économique qui allie une protection sociale forte et une dose importante de responsabilisation économique individuelle. Il est intéressant de noter que le soutien à l’Etat-providence est positivement corrélé avec le sentiment wallon. Il semble donc bien que ce consensus socio-économique soit une composante du sentiment identitaire. De même, les Wallons épinglent les valeurs de liberté individuelle et de tolérance en matière morale : 80% d’entre eux défendent le droit à l’avortement et 90% le droit à l’euthanasie. Le mariage homosexuel est plus controversé, mais recueille néanmoins une majorité d’approbation (56%). Enfin, la liberté d’avoir « ses propres usages et sa propre culture » ou encore la liberté « d’avoir ses propres pratiques religieuses et philosophiques » recueillent une adhésion quasi-unanime : 95% dans les deux cas. Page : précédente 1 2 3 suivante
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