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Quand la tomate fleurit
13/03/2012

Il est intéressant de souligner que le gène orthologue de SP chez Arabidopsis, appelé alors TFL1 (pour Terminal Flower 1), n’a pas la même fonction. « Chez cette espèce de référence, TFL1 agit de sorte que le méristème apical ne fleurisse pas mais devienne inflorescentiel, c’est-à-dire maintienne une réserve de cellules souches pour produire des fleurs indéfiniment », explique la spécialiste.

Modèle arabidopsis
Une question restait dès lors sans réponse dans l’esprit des scientifiques : Qu’est-ce qui permet d’éviter l’épuisement des cellules souches chez la tomate ? Si ce n’est pas SP, qui joue ce rôle chez cette plante ? C’est à cette question que Claire Périlleux et Johanna Thouet, doctorante au sein du laboratoire de Physiologie végétale de l’ULg, en collaboration avec des chercheurs de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, répondent dans un nouvel article publié dans la revue PLoS ONE (2).

Le rôle inattendu du gène JOINTLESS

« En biologie végétale, beaucoup de choses ont été découvertes grâce à des plantes mutantes », reprend Claire Périlleux. « Vu l’importance agronomique de la tomate, les mutants ont été obtenus  non pas suite à des manipulations expérimentales mais dans des programmes de sélection parce qu’ils présentaient des caractéristiques intéressantes ou parce qu’ils poussaient bien ». C’est le cas du cultivar appelé Jointless. Celui-ci a l’avantage de ne pas présenter de zone d’abscission au niveau du pédoncule de ses fruits. « Cette zone de fragilité permet au fruit de tomber lorsqu’il est mûr mais les horticulteurs préfèrent récolter le fruit directement sur la plante », indique Claire Périlleux.

En y regardant de plus près, les scientifiques se sont rendus compte que l’absence de zone d’abscission n’était pas la seule « anomalie » que montraient les cultivars Jointless. « Les méristèmes inflorescentiels de ce mutant produisent une, deux ou trois fleurs et ensuite reproduisent des feuilles ! », précise la chercheuse. « C’est une réversion vers un programme développemental qui n’est pas normal puisqu’une fois qu’un méristème forme une inflorescence, il ne fait habituellement plus que des fleurs ».

(2) Thouet, J., Quinet, M., Lutts, S., Kinet, J.-M. and Périlleux, C., 2012. Repression of floral meristem fate is crucial in shaping tomato inflorescence. PLoS ONE 7(2): e31096. doi:10.1371/journal.pone.0031096

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