Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Quand la tomate fleurit
13/03/2012

Une fois le temps de la floraison arrivé, selon les plantes, les choses peuvent se dérouler de deux manières. Soit le méristème apical lui-même va produit une fleur, épuisant ainsi toute la réserve des cellules souches. Il n’y aura alors qu’une seule fleur, comme dans le cas de la tulipe par exemple. Soit, si la plante doit produire plusieurs fleurs, le méristème apical subit certaines modifications lui permettant à la fois de produire une fleur et de maintenir une réserve de cellules souches pour être capable de produire d’autres fleurs. « C’est ce qu’on appelle un méristème inflorescentiel », indique Claire Périlleux. « Il s’agit d’un mécanisme général que l’on retrouve chez toutes les plantes à inflorescences telles que le blé, les vignes, la tomate etc. », poursuit-elle. L’endroit et la manière dont les cellules souches sont maintenues conditionnent la forme de l’inflorescence.
Méristème

La croissance un peu particulière de la tomate

Si la tomate est une plante à inflorescence, sa floraison présente quelques particularités et est un peu plus complexe. « Lorsque le méristème apical se charge de produire la première inflorescence, un autre méristème dit « axillaire » va prendre le relais de la croissance végétative. Ce type de croissance porte le nom de croissance sympodiale, précise Claire Périlleux. Ainsi, le méristème axillaire va former un segment de tige comprenant deux ou trois feuilles. Ensuite il produira à son tour une inflorescence alors qu’un autre méristème latéral poursuivra la croissance végétative et donnera trois feuilles, etc (Figure 1). « Voilà pourquoi sur les plants de tomate on observe 7, 8, 9 ou 10 feuilles avant la première inflorescence puis 2-3 feuilles suivies d’une inflorescence, encore 2-3 feuilles suivies d’une autre inflorescence et ainsi de suite. C’est aussi pour cette raison que l’on conseille aux gens de pincer ou d’étêter leurs plants de tomate afin qu’ils cessent de produire des inflorescences et que les premiers fruits puissent bien grossir », continue la scientifique.

Afin d’atteindre une productivité toujours plus grande, certaines sociétés horticoles aimeraient obtenir des cultivars ne formant que deux feuilles entre chaque inflorescence. Dans un article publié en 2008 dans la revue Plant Physiology (1), Claire Périlleux et ses collègues décrivent l’expression d’un gène qui pourrait bien intéresser ces compagnies horticoles. En effet, le gène « Self Pruning » (SP) de la tomate empêche les méristèmes latéraux de fleurir trop vite. C’est donc « à cause » de lui que la plante produit trois feuilles avant l’inflorescence suivante.

(1) Thouet, J., Quinet, M., Ormenese, S., Kinet, J.-M. and Périlleux, C., 2008. Revisiting the involvement of SELF PRUNING in the sympodial growth of tomato. Plant Physiology, 148, 61-64.

Page : précédente 1 2 3 4 suivante

 


© 2007 ULi�ge