Premières recommandations concrètes

Le travail de Mathieu Massinon permet, d'ores et déjà, de formuler des recommandations concrètes pour l'utilisation du matériel de pulvérisation: taille des buses, pression utilisée, type d'adjuvants à privilégier, etc. Le public prioritairement concerné est double: services de conseils aux agriculteurs et concepteurs de nouveaux produits au sein des firmes phytopharmaceutiques. Pour ces derniers, les dossiers d'homologation fournis aux autorités doivent en effet justifier l'utilisation de mentions comme "produits anti-rebond" ou "favorise l'étalement". Le jeune chercheur n'en mesure pas moins l'immensité de la tâche qui reste à fournir si l'on veut généraliser ce type de recommandations à une vaste palette de cultures et de contextes agro-environnementaux. "Il reste encore beaucoup de choses à modéliser. Pour cela, il faudrait d'abord mieux comprendre - à une échelle encore plus réduite qu'aujourd'hui -  l'interaction entre la goutte et la micro/nano rugosité des feuilles, mais aussi les mécanismes d'aide à l'étalement permis par les tensio-actifs. La complexité est énorme car, en plus de phénomènes purement physiques, il faut tenir compte de phénomènes plutôt chimiques comme l'éventuelle polarité de la plante et du produit." 

L'objectif final est de créer des modèles capables de prédire l'efficacité de la rétention à l'échelle du champ tout entier. Mais, pour cela, il faut des banques de données d'une toute autre ampleur, capables de tenir compte de l'importante variabilité du règne végétal. C'est, exactement, ce à quoi s'attelle actuellement Mathieu Massinon, en post-doctorat en Nouvelle Zélande et en Australie. Avec ses collègues spécialisés, il espère pouvoir élaborer, un jour, des modèles prédisant à la fois la rétention totale du produit par la plante (à l'échelle d'une culture), mais aussi le cheminement de la matière active jusqu'à ses fonctions vitales et, in fine, son action létale. Tout un programme...