L'influence de l'homme sur l’élévation du niveau des mers
Depuis le début du siècle précédent, on a observé une hausse du niveau de la mer d’environ 20 centimètres, suite principalement à l’expansion thermique des océans et à la fonte des glaciers de montagnes et calottes polaires. Il apparaît que seul le réchauffement climatique induit par les activités humaines peut expliquer une telle hausse. L’Université de Liège a contribué à cette recherche internationale – publiée dans la revue Nature Climate Change – en évaluant l’impact des changements récents de masse des calottes du Groenland et de l’Antarctique sur la hausse du niveau marin à l'aide d'un modèle régional du climat, développé à l'ULg. Il a été démontré qu’au cours du 20e siècle, le niveau moyen de la mer a augmenté régulièrement de 14 à 22 centimètres. Cette augmentation se révèle sans précédent au cours des siècles passés. Néanmoins, malgré l’identification des deux facteurs dominants de ce phénomène – dilatation thermique des océans et fonte des glaciers – le débat se poursuivait quant à savoir si le phénomène est dû à des causes naturelles (variabilité naturelle du climat et de l'activité solaire) ou liées aux activités de l’homme (émission de gaz à effet de serre ainsi que de suie et aérosols), et dans quelles proportions. Des études isolées de ces composants manquaient afin de déterminer leurs influences respectives. L’étude internationale qui paraît ce 11 avril 2016 dans la revue Nature Climate Change, menée par des chercheurs d’Australie, des Pays-Bas, d’Allemagne et d’Autriche et à laquelle ont contribué deux chercheurs de l’Université de Liège – les climatologues Xavier Fettweis et Cécile Agosta – s’appuie sur un nouveau modèle d’analyse. « Cette recherche, basée sur l’étude de chaque facteur, individuellement, met donc en lumière l’impact de l’influence humaine sur l’élévation observée du niveau de la mer » note Xavier Fettweis. L’étude pointe en effet que la hausse du niveau marin ne peut être expliquée sans prendre en compte les changements climatiques anthropiques récents. L’étude évalue, de façon distincte, l’influence de l'augmentation observée de la concentration en gaz à effet de serre, des aérosols anthropiques (suies, particules fines,… influençant notamment la formation des nuages et la couleur de la neige) et des forçages radiatifs naturels (activité solaire régulant l'énergie solaire reçue par la terre et activités volcaniques émettant aussi des aérosols) sur les facteurs dominants régulant les variations du niveau marin. « Du côté de l’Université de Liège, notre contribution majeure à cette recherche a concerné l’évaluation de la contribution des deux calottes polaires, au Groenland et en Antarctique, dont les variations récentes de volume (respectivement 7 et 20 mètres de niveau marin) ont affecté significativement le niveau des mers » précise Xavier Fettweis, qui étudie notamment la fonte des glaces au Groenland depuis une dizaine d’années à l'aide du modèle régional du climat MAR, qu'il développe. L'intégration de Cécile Agosta à son équipe a permis d'étendre cette expertise à l'Antarctique. (Lire Préparons-nous à la hausse du niveau des mers) De façon générale, il apparaît qu’avant 1950, l’augmentation du niveau de la mer a été dominée par des variations climatiques naturelles. L’impact des activités humaines s’est par contre fait fortement sentir au cours des dernières décennies, allant jusqu’à expliquer plus de 70 % de la hausse observée du niveau marin. Pour le 20e siècle dans son ensemble, les chercheurs évaluent à près de 40 % l’impact des causes anthropiques sur la hausse du niveau de la mer. En outre, cette étude souligne – au vu des graves répercussions des changements climatiques sur les générations à venir – que le travail de gestion et de sécurisation des zones de littoral, planifié plusieurs décennies à l’avance, devra prendre en compte tant les variabilités naturelles que l’impact des activités humaines (qui pourrait s'amplifier dans le futur si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites). Le GIEC prévoit que le mode de consommation actuel pourrait engendrer une hausse du niveau marin de 50 à 80 cm en 2100.
(1) Anthropogenic forcing dominates global mean sea-level rise since 1970, Aimée B. A. Slangen, John A. Church, Cecile Agosta, Xavier Fettweis, Ben Marzeion &Kristin Richter, Nature Climate Change 6, 701–705 (2016)
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