Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Les îles, un réservoir de biodiversité
14/02/2012

Des flux migratoires qui réfutent la théorie des îles culs-de-sac

Afin de déterminer l’état de la structure génétique des différentes populations de Platyhypnidium riparioides peuplant les Açores, les Canaries et Madère et de celles peuplant le continent, les scientifiques ont étudié la variation microsatellite nucléaire de cette mousse. « Nous avons utilisé les microsatellites, des motifs du génome qui sont répétés très fréquemment au sein de celui-ci, comme marqueurs », explique Alain Vanderpoorten. « Ces microsatellites ont un taux de mutation cent fois plus élevé que les autres parties du génome », souligne-t-il. Ainsi, en détectant les mutations qui existent au sein des microsatellites de chacune des populations de Platyhypnifium riparioides, les chercheurs ont pu déterminer à quel point ces populations étaient proches d’un point de vue génétique.

Iles-refugeDeux résultats principaux ressortent de cette étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (1). Premièrement, les analyses génétiques ont permis de dresser une carte des flux migratoires des spores de la mousse du continent vers les îles et des îles vers le continent et montrent que ces flux sont similaires. « Nous avons mis au jour que le flux migratoire des îles vers le continent est même légèrement supérieur », indique Alain Vanderpoorten. « Ces résultats vont à l’encontre de la théorie des îles culs-de-sac en ce qui concerne les bryophytes des îles océaniques de l’Atlantique », conclut le scientifique.

Ensuite, un autre point important mis en évidence par ces recherches est que les Açores, les Canaries et Madère ont servi de refuge pour la biodiversité au cours des glaciations du Quaternaire. En effet, c’est grâce à la survie d’espèces vivant sur ces îles que le continent a pu être recolonisé par certaines d’entre elles pendant  la période postglaciaire. « Il y a eu de grosses pertes d’effectifs au niveau des populations continentales pendant les dernières glaciations. On n’observe pas une telle perte d’effectifs sur les îles océaniques atlantiques au cours de cette même période car les océans ont un effet tampon sur le climat », explique Alain Vanderpoorten.

(1) Virginie Hutsemékers, Péter Szövényi, A. Jonathan Shaw, Juana-María González-Mancebo, Jesús Muñoz, and Alain Vanderpoorten. Oceanic islands are not sinks of biodiversity in spore-producing plants. Proceedings of the National Academy of Sciences, 108 (47): 18989-18994 NOV 22 2011.

Page : précédente 1 2 3 4 suivante

 


© 2007 ULi�ge