Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Les îles, un réservoir de biodiversité
14/02/2012

Considérées jusqu’ici comme des impasses migratoires et évolutives, les îles ne sont pourtant pas une destination finale pour toutes les espèces qui y migrent. Alain Vanderpoorten et son équipe ont en effet découvert que les bryophytes, des plantes à spores, (re)colonisent le continent à partir des Açores, des Canaries et de Madère. Des îles qui servent de refuge en cas de coup dur pour la biodiversité continentale…   

Les îles…A lui seul, ce mot dégage un parfum de vacances. Il suffit de le prononcer pour être simultanément transporté dans un décor de rêve mêlant cocotiers, eaux turquoises et oiseaux au plumage chatoyant …Chaque année, des millions de vacanciers des quatre coins du monde s’envolent vers les îles, plus particulièrement celles des océans pacifique, atlantique et indien, à la recherche d’un climat clément et d’un certaine douceur de vivre.

Au fil des siècles, ces parcelles de terre perdues dans l’immensité des océans n’ont jamais cessé de fasciner et d’inspirer les hommes.  
Les scientifiques non plus n’échappent pas au pouvoir fascinant des îles. Celles-ci sont reconnues comme étant de véritables laboratoires pour étudier les processus évolutifs et biogéographiques, et ce depuis l’époque de Charles Darwin et Alfred Russel Wallace. C’est en effet en se basant sur l’observation des populations d’organismes insulaires que ces deux naturalistes ont chacun proposé leur propre théorie de l’évolution par la sélection naturelle. « Les îles océaniques sont des modèles pratiques pour étudier des phénomènes tels que la spéciation et l’évolution car elles sont géographiquement isolées, elles ont une surface bien définie et elles ont une dynamique géologique qui est source de richesse environnementale. Il y a sur les îles un taux de spéciation bien plus élevé que sur le continent », explique Alain Vanderpoorten, chercheur qualifié F.R.S.-FNRS au sein de l’unité de Biologie de l’évolution et de la conservation de l’Institut de Botanique de l’ULg. Les îles constituent donc des endroits clefs pour comprendre les mécanismes évolutifs complexes à l’échelle des continents.

La théorie des îles culs-de-sac migratoires et évolutifs

Si les îles sont source de biodiversité - vu leur haut taux de spéciation en comparaison aux continents - elles sont, paradoxalement, considérées comme des culs-de-sac migratoires et évolutifs. Pourquoi ? Quatre principales raisons permettent d’expliquer ce phénomène : « Premièrement, les organismes qui atteignent les îles perdent rapidement leur potentiel de dispersion car ils ne sont pas confrontés à la compétition et à la prédation. Ensuite, même si certains organismes gardent un fort potentiel de dispersion, les individus qui sont amenés à se disperser ont de grande chance de retomber tout simplement dans l’océan plutôt que d’atteindre une autre parcelle de terre ou le continent. De plus, revenir sur le continent est très compliqué pour des organismes insulaires car les niches écologiques y sont saturées. Enfin, une île volcanique finit en général par s’éroder et les organismes qui la peuplent disparaissent avec elle… », indique Alain Vanderpoorten.

En ce qui concerne la perte du potentiel de dispersion des organismes qui colonisent les îles, le dodo (ou Dronte de Maurice) constitue un bon exemple. Ce grand oiseau, apparenté aux pigeons et aujourd’hui disparu, peuplait l’île Maurice jusqu’à la fin du XVIIème siècle. Ses ancêtres sont arrivés sur l’île par voie aérienne mais au fil des siècles, ne subissant pas de pression de compétition pour les ressources disponibles ni de prédation, le dodo a perdu sa capacité à voler. Malheureusement, c’est ce trait évolutif, ainsi que son absence de crainte envers des prédateurs, qui lui furent fatal lorsque l’homme a commencé à coloniser l’île Maurice à la fin du XVIème siècle.

Flux migratoires

Page : 1 2 3 4 suivante

 


© 2007 ULi�ge