E-business : la croissance viendra de la confiance
Néanmoins, David ne doit pas se servir de Goliath comme excuse pour rester passif. « Moi, je conseille aux petits acteurs d’être pro-actifs vis-à-vis de la réglementation : cela donne confiance aux gens. Beaucoup de raisonnements fallacieux circulent chez les e-commerçants qui se disent par exemple qu’ils doivent à tout prix empêcher l’exercice du droit de rétractation car cela va leur coûter cher. Certes, il faut en tenir compte dans son calcul de rentabilité, mais il faut savoir que la rétractation sur un produit standard, c’est de l’ordre de 1% en Belgique ! » Les grands acteurs, eux, ont tendance au contraire à beaucoup communiquer sur les facilités qu’ils offrent aux consommateurs de se rétracter. En Angleterre, où le marché est beaucoup plus mûr, (presque deux fois le marché français en e-commerce), la concurrence a vite été rude entre les e-commerçants. Ceux-ci se sont rendus compte qu’il était vain de se faire une guerre des prix et ils ont plutôt joué la carte de celui qui offrirait le meilleur service après-vente, par exemple en prolongeant le délai de rétractation. Jusqu’à parvenir à cent jours, une facilité désormais fréquente en Angleterre. Cependant, dans la pratique, ce délai élargi ne change rien puisque quand le consommateur n’est pas satisfait, il retourne son achat la plupart du temps dès les premiers jours après réception. « Mais c’est un argument de vente car cela inspire confiance. En plus, juridiquement au-delà des 14 jours, le commerçant peut se contenter de proposer un bon d’achat et non un remboursement.» Gérer les plaintes au niveau communautaire et créer un marché unique effectif de l’e-commerce : deux chantiers en suspensSi l’on peut dire que l’harmonisation européenne des règles de protection du consommateur dans le secteur de l’e-commerce est un progrès certain, tout n’est pas encore fait à ce jour. En effet, les choses se compliquent a posteriori c’est-à-dire au niveau du contrôle du respect de la réglementation. En ce domaine, tous les Etats membres ne sont pas égaux et la gestion des plaintes reste du ressort de chaque Etat. Pour le moment, la seule avancée réelle en la matière est la mise en place au niveau européen du RLL (Règlement en ligne des litiges), une plateforme qui permet au consommateur d’introduire une plainte gérée selon un mécanisme extra-judiciaire. Mais pour le moment, et dans un contexte général assez peu europhile, les chances d’aller plus loin sont minces. Aussi, actuellement, trois situations sont à envisager en cas de non-respect de la loi. Premièrement, l’intervention des autorités publiques qui vont prononcer une sanction contre le commerçant. Le risque est faible, surtout en Belgique où les autorités vont d’abord délivrer une mise en demeure. « Cela peut même avoir un effet pervers puisque certains commerçants attendent d’être contrôlés pour se mettre en règle » Deuxièmement, le consommateur se plaint, mais « il faut être assez têtu pour le faire car c’est du temps que l’on perd en allant en justice pour obtenir gain de cause ». Et de l’argent. Pour des paniers en dessous de cent euros (plus de 2/3 des cas), peu de clients iront porter plainte. Enfin, il faut envisager le cas de la plainte du concurrent pour concurrence déloyale du fait du non-respect de la législation. Ce cas-là est le plus problématique pour l’e-commerçant car il doit alors faire face à une demande d’indemnisation. |
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