Alcool et cinéma
Boisson, buveur et ivresse : les trois maîtres mots qui ont guidé le choix du corpus et se rejoignent, d'une manière ou d'une autre, au travers des 40 films, structurent in fine une approche de l'alcool au cinéma inédite. Car des écrits sur l'alcool au cinéma, il en existe, et pas des moindres : Jean Epstein lui-même, dans un texte sobrement intitulé Alcool et cinéma(2) , écrit à la fin des années 40 mais publié en 1975, abordait déjà de manière frontale le lien entre septième art et spiritueux. Mais là où le théoricien français voyait, pour résumer grossièrement sa pensée, un lien formaliste et poétique entre cinéma et alcool, Dick Tomasovic y ajoute des dimensions narratives et esthétiques supplémentaires. L'idée qui parcourt les 40 shots de l'auteur, qui unit Jackie Chan à George Méliès, Leonardo DiCaprio à Benoit Poelvoorde, serait, pour synthétiser, que l'alcool agit avant tout comme un moteur, au propre (les verres que boivent cowboys, flics désabusés et écrivains blasés avant de travailler) comme au figuré. C'est l'alcool qui désinhibe les personnages (Drunken Master de Yuen Woo-Ping), révèle leurs vraies personnalités (Boires ou déboires de Blake Edwards ou, plus éloquent, Dr Jerry et Mr Love de Jerry Lewis) voire les éveille à leurs propres conditions. L'alcool offre des visions (Le dernier des hommes de Murnau), parfois d'horreur (The Lost Week-end de Billy Wilder), mais, surtout, remplit une fonction bien précise autre que simplement accessoire. Qu'il soit à l'avant-plan (Le goût du saké ou plus encore Projet X) ou à l'arrière-plan (L'ange ivre), l'alcool est acteur à part entière de la narration.
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