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Les pucerons et leur milieu

Par Sandrine Bayendi Loudit

Les pucerons sont à l’origine des pertes économiques sur les plantes d’intérêt agricole. Ces pertes varient de façon importante en fonction des conditions climatiques, de leur densité des populations, de leur durée de présence sur les plantes hôtes, du stade de développement et du degré de sensibilité de la culture. Le type de dégât doit orienter le choix de la méthode de lutte.

Qu’est-ce qu’un puceron ?

Les pucerons sont des insectes de petite taille (1à 5 mm). Près de 4000 espèces sont dénombrées dans le monde, une cinquantaine d’entre elles se développent sur des plantes cultivées. Ils sont de couleurs variables : noirs, verts, rouges, roses, bruns, bleus, jaunes. On les trouve dans les zones tempérées, les zones arctiques et tropicales. Les pucerons ont deux types de reproduction : la reproduction sexuée et la reproduction asexuée. Les femelles peuvent donner naissance directement à de jeunes larves, qui leur sont génétiquement identiques, et capables de s’alimenter et de se déplacer aussitôt produites.

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Source:http://www.extension.org/pages/60000/biology-and-management-of-aphids-in-organic-cucurbit-production-systems#.UyDMGPl5MrU

Action sur les plantes

Les dégâts imputables aux pucerons sont répartis en deux catégories :

  • Les dégâts directs

Ils sont dus aux ponctions des sèves des plantes. Celle-ci réagit aux piqûres et à la présence de la salive des pucerons par divers symptômes. Ils se manifestent par des déformations de feuilles, (elles se plissent, s'enroulent, se recroquevillent, se gaufrent, se crispent, s'épaississent, se cloquent, se boursouflent, ondulent), des changements de couleur. Parfois les jeunes pousses se rabougrissent, se tordent, les entre-nœuds sont courts, les fleurs avortent et se dessèchent, les feuilles tombent, les fruits bosselés grossissent mal et manquent de saveur. Enfin des galles peuvent apparaitre sur les feuilles, les rameaux, les tiges ou sur les racines.

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Source: http://www.bayer-agri.fr/protection-cultures/puceron-noir-sur-betterave/puceron-noir-un-colonisateur-potentiel/

  • Les dégâts indirects

Ils sont liés à l’action des pucerons. Le miellat, liquide sucré excrété par les pucerons recouvre les parties aériennes des plantes. Il est un milieu de culture très favorable aux champignons non pathogènes tel que la fumagine. Cela a pour incidence non seulement de gêner la respiration et la photosynthèse des plantes mais aussi de déprécier la qualité des fruits et légumes les rendant impropres à la commercialisation et à la consommation. Les pucerons sont également des vecteurs d’importantes maladies virales des plantes avec des manifestations variés. Certains virus les plus rencontrés sont sur le virus Y de la pomme de terre (PVY), le virus du concombre (CMV), le virus de la tomate (ToMV), le virus de la mosaïque de la laitue (LMV), le virus des tâches du papayer (PRSV)…

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Source: http://www.cliniquedesplantes.fr/fiches/la-fumagine-sur-les-agrumes/voir.html

Qu’est-ce qu’un ennemi naturel ?

En dehors des effets dus à des facteurs d’origine naturels (pluie, chaleur, froid, vent.…), les ennemis naturels limitant les populations des pucerons sont essentiellement des insectes et quelques champignons. Certains oiseaux et petites araignées peuvent aussi y jouer un rôle important. On y distingue :

  • Les prédateurs

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Source:http://naturegourmande.canalblog.com/archives/2012/05/22/24322562.html
Source:http://www.lafeuillecharbinoise.com/?p=2327
Source: https://www6.inra.fr/encyclopedie-pucerons/Especes/Predateurs-Insectes

Ils se nourrissent des pucerons et ont besoin de plusieurs proies pour accomplir leur cycle. Certains prédateurs vont s’attaquer à une seule espèce (monophagie), alors que d’autres montrent des préférences pour plusieurs espèces (polyphagie). Les plus importants sont les coccinelles, les mouches les guêpes et les punaises.

  • Les parasitoïdes

Ils se développent généralement sur un seul hôte, souvent à l’intérieur (endoparasitisme) ou à l'extérieur (ectoparasitisme) de celui-ci, et le tuent une fois leur développement larvaire achevé. Les parasitoïdes de pucerons sont essentiellement des guêpes (familles de Braconidae et Aphelinidae) et d’une seule espèce de mouches (la cécidomyie). Ces insectes jouent un rôle important pour la lutte en cultures sous abri. Plusieurs espèces sont commercialisées.

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Source: http://www.tous-au-potager.fr/guepes-parasitoides-alien-potager-biologique/

  • Les hyper-parasitoïdes

Encore appelés parasitoïdes secondaires, Ils se développent au dépend des parasites primaires présents dans les pucerons, ou parasitoïdes tertiaires quand l'hôte est lui-même un hyper-parasitoïde. Ce sont des guêpes qui appartiennent à plusieurs familles

  • Les champignons pathogènes

Ce sont des champignons qui pénètrent au travers du corps des pucerons et les envahissent. Les autres individus sont contaminés après la mort de l’hôte. Cela est très fréquent dans les zones climatiques chaudes et humides. Ces champignons appartiennent à plusieurs familles.

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Source: https://www6.inra.fr/encyclopedie-pucerons/Pucerons-et-milieu/Antagonistes/Entomophthorales

Relation pucerons et fourmis :

Un certain nombre d'espèces de pucerons développent un mutualisme avec les fourmis. Ce mutualisme se définit comme une interaction se révélant être bénéfique pour les deux espèces. En effet, le miellat des pucerons constitue un complément alimentaire riche en sucre pour les fourmis. En échange de cet apport alimentaire, les fourmis procurent aux pucerons une défense agressive contre leurs prédateurs et parasitoïdes. Les fourmis peuvent également changer les pucerons de plante si la plante hôte n'est plus de qualité suffisante pour nourrir la colonie.


Source: https://www6.inra.fr/encyclopedie-pucerons/Pucerons-et-milieu/Pucerons-et-fourmis-mutualisme

Conclusion

En définitive, les pucerons ont leur rôle dans l’environnement. Ils peuvent être nuisibles aux plantes, allier aux fourmis ou servir d’aliments à d’autres insectes. Les éliminer totalement serait un pas pour l’agriculture ou un déséquilibre écologique ? Les insecticides utilisés de façon systématique détruisent aussi bien les pucerons que leurs ennemis naturels. Il est donc nécessaire d’adapter les méthodes de lutte. Dans cette optique, plusieurs axes de recherches ont retenus l’attention de l’unité d’entomologie fonctionnelle évolutive de Gembloux de l’Université de Liège à savoir, les différentes interactions entre les plantes hôtes, les pucerons et les agents phytopathogènes.


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