Par Céline Hendricks

Le cancer est une maladie dont l’incidence est clairement plus importante dans les pays industrialisés.  En 2012, 14.1 millions de nouveaux cas, particulièrement aux Etats-Unis, en Europe et en Australie et 8.2 millions de décès liés au cancer ont été enregistrés dans le monde. 

De quoi s'agit-il ?

Le cancer est caractérisé par le fait que les cellules de l’organisme prolifèrent de manière exagérée.  Tous les jours, certaines cellules du corps se divisent, le plus souvent pour renouveler des cellules mortes.  Hélas, ce processus se passe parfois mal et une cellule peut échapper à tout contrôle.  Elle continue alors à se diviser, proliférant sans frein : une tumeur se forme, au départ le plus souvent bénigne.  Il y a cancer quand une tumeur est maligne, c’est-à-dire quand la tumeur envahit les tissus environnants et peut former des métastases. Dans ce cas, les cellules cancéreuses passent dans le sang pour aller former une tumeur dans un organe différent de celui qui abrite la tumeur initiale.  Une tumeur bénigne peut devenir maligne, mais indépendamment de cela, elle peut empêcher les organes de fonctionner.  Par exemple, quand la structure aérée des poumons est comblée par une tumeur, l’arrivée d’oxygène est affectée et la survie du patient est compromise.   

Comment le cancer se développe-t-il ?

Utilisant un alphabet de 4 lettres, l'ADN forme un très long mot qui contient toute l’information du corps et nous est transmis par nos parents.  Un ADN « sain » signifie un corps sain.   Malheureusement, il arrive que l’ADN subisse des mutations, c’est-à-dire que certaines lettres du mot sont remplacées par d’autres.  Normalement, des systèmes de correction existent pour réparer l’ADN, mais il arrive toutefois que des mutations persistent.  Par conséquent, le mot perd de son sens et les effets peuvent être désastreux pour l’organisme. En effet, suite à une série mutations une cellule peut acquérir une capacité supérieure de survie et de division.  Sa prolifération n’est ainsi plus freinée et elle initie sa transformation cancéreuse.  A force de se diviser, la cellule acquiert de nouvelles mutations dans son ADN qui lui confèrent d’autres capacités favorisant la croissance.  La tumeur se développe, mais comme tout organe, nécessite un apport d’oxygène et de nutriments par irrigation sanguine.  Il arrive un moment où les vaisseaux sanguins existants ne suffisent pas à leur intense consommation.  Les cellules malades s’arrangent donc pour former de nouveaux vaisseaux au sein de la tumeur pour les alimenter.  De plus, ces vaisseaux sanguins vont favoriser la dissémination métastatique des cellules cancéreuses et malheureusement lorsque les symptômes apparaissent, il est déjà trop tard et les chances de guérison s’affaiblissent.    

Le cancer peut être induit par un mode de vie inadapté

A quoi peuvent être dues les mutations à l'origine du cancer ? Cela peut se produire par hasard, mais il peut aussi y avoir des causes bien identifiées. Ainsi, on estime que 5 à 10% des cancers sont héréditaires.  En effet, de l’ADN muté peut nous être transmis par l’un de nos parents.  Par exemple, plusieurs types de cancers du sein sont héréditaires. 

Cependant, les risques liés à l’environnement et notre mode de vie sont plus nombreux : consommation d’alcool ou de tabac, une mauvaise alimentation et le manque d’activité physique provoquent une majorité des cancers.  L’alcool est  associé principalement à des cancers du foie, du pancréas et de l’œsophage.  Le tabagisme est la cause la plus fréquente de cancer du poumon, qui provoque le plus de décès.  Pire, la consommation simultanée d’alcool et de tabac constitue le cocktail le plus efficace pour développer un cancer.  Ces deux agents créent notamment une inflammation des tissus qui y sont exposés et il y a une évolution progressive vers le cancer. 

Ce n'est pas tout. Selon le Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer, 30 à 40% des cancers seraient causés par une mauvaise alimentation.  D’une part, le surpoids s’accompagne d’une production exacerbée de certaines hormones qui peuvent provoquer directement un cancer car elles stimulent la prolifération cellulaire.  D’autre part, les vitamines sont des antioxydants qui protègent l’ADN des mutations et  des apports insuffisants en fruits et légumes ne permettent pas de prévenir efficacement la maladie. 

Les professionnels de la santé ne cessent de le répéter, l’activité physique est primordiale pour assurer notre bien-être.  Le manque de sport peut bien sûr être associé à un surpoids qui, comme on l’a déjà dit, est un facteur de risque.  Mais de nombreuses études démontrent aussi que certains cancers, comme le cancer du côlon, sont directement attribuables à une activité physique insuffisante.  Inversement, les personnes pratiquant un sport régulièrement diminuent le risque de survenue de plusieurs cancers, dont le cancer du sein.  Pour ne rien gâcher, des bénéfices existent aussi pour les patients pendant ou après un traitement : une étude a révélé une mortalité moindre et une meilleure qualité de vie pour des patients atteintes de cancer du sein si celles-ci étaient actives.  Par ailleurs, le sport prévient le cancer car il est une arme redoutable contre le stress. Toutefois, il existe une controverse sur le lien de causalité entre le stress et le cancer.  Évidemment, le stress n’est pas bon pour la santé et ses effets, comme le surmenage, ne sont plus à démontrer.  Par contre, il diminue l’immunité et il peut être à l’origine d’inflammations telles que des ulcères gastriques.  Or, l’immunité est primordiale pour combattre les cellules tumorales et une inflammation chronique évolue très fréquemment en cancer.  Les cellules inflammatoires de l’organisme peuvent effectivement créer un environnement favorable au développement tumoral.     

D’autres facteurs environnementaux sont plus difficiles à contrôler.  Nous sommes par exemple constamment exposés à des radiations naturelles qui, en endommageant directement l’ADN, peuvent entraîner des cancers de la peau.  Il est dès lors important de limiter les irradiations supplémentaires, comme celles de type médical (rayons X), mais également de se protéger correctement des rayons ultra-violets (UV) à l’aide d’une crème solaire, et ce pour toute exposition.  D'autre part, certains cancers peuvent être induits par des infections virales ou bactériennes.  Ainsi, le cancer du col de l’utérus est causé par le virus HPV (Human Papillomavirus), qui est sexuellement transmissible.  Grâce à la vaccination, certains des cancers liés aux infections peuvent être évités.  Enfin, les produits chimiques et les polluants ne sont pas en reste dans la cancérogenèse.  Citons par exemple le benzène, l’amiante, les pesticides, le goudron de houille…, qui sont  associés à des cancers des voies respiratoires.

Les traitements s’améliorent de jour en jour mais un dépistage précoce reste essentiel

Grâce à des organismes comme le Télévie, la Fondation contre le Cancer et autres, la recherche avance de jour en jour pour développer des traitements plus efficaces, moins invasifs et mieux tolérés par les patients.  Pour chaque cas, le médecin doit adapter le protocole thérapeutique selon l’âge et l’état général du patient, le type de cancer,…  Le plus souvent, une association de plusieurs traitements est réalisée : chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie sont les plus courants.  Il en existe d'autres.  L’immunothérapie permet de stimuler les défenses immunitaires pour lutter contre les cellules cancéreuses et éviter les inflammations qui pourraient évoluer en cancer.  Quant à  l’hormonothérapie, elle consiste en un blocage de l’action des hormones, qui peuvent favoriser la croissance tumorale.  Actuellement, les effets secondaires de ces traitements sont encore très fréquents et la qualité de vie est souvent perturbée, bien qu’ils soient constamment améliorés.  Il faut souligner que la mortalité liée au cancer est relativement équivalente entre les pays industrialisés et les pays sous-développés, malgré une plus grande incidence du cancer pour les premiers.  Cette observation souligne l’importance de soins appropriés, mais aussi et surtout celle de déceler rapidement la maladie.   

Il est donc indispensable de rappeler à tous l’importance du dépistage et cela même en l’absence de symptômes.  Le risque de cancer augmentant avec l’âge, les plus de 50 ans sont les sujets qui doivent le plus surveiller leur santé.  Aujourd’hui, une simple prise de sang peut mettre en évidence une augmentation de certains facteurs permettant de diagnostiquer un cancer, mais ne peut suffire à découvrir n’importe quel cancer.  D’autres tests peuvent être nécessaires : analyse d'urines ou de selles, palpation des ganglions...  Mais comme il n’est pas de traitement préférable à la prévention, chacun devrait s’imposer une certaine discipline et favoriser une alimentation saine, riche en vitamines, éviter la consommation d’alcool et de tabac, éviter le stress et pratiquer un sport de manière régulière.