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La Belgique a le taux de cancer le plus élevé au monde… retour sur cette maladie
Par Alice Truong, Doctorante en sciences biomédicales et phamraceutiques à la Faculté de Sciences de l'Université de Liège Les derniers chiffres le démontrent, la Belgique est le pays à avoir le taux le plus élevé du diagnostic du cancer du sein dans le monde. Mais est-ce que ça veut dire pour autant que la Belgique prédispose les femmes à avoir ce type de cancer ? Ou est-ce plutôt dut à l’efficacité du diagnostic chez nous ? Voire d’un « sur-diagnostic » ? En tout cas, la réponse n’est pas unique mais multiple... Mais au fait, c’est quoi le cancer du sein ? Gros plan et explications sur cette maladie qui est le cancer le plus mortel chez la femme. Le cancer du sein touchera une femme Belge sur neufLes chiffres sont alarmants, chaque année en Belgique, plus de neuf mille nouveaux cas de cancer du sein sont recensés et deux mille femmes en meurent. D’où l’importance des recherches actuelles consacrées à ce cancer qui touchera en moyenne une femme sur neuf au cours de sa vie. Dans la grande majorité des cas, les femmes atteintes ont plus de cinquante ans. C’est pourquoi une prévention et une attention plus particulière est donnée à ces femmes où la mammographie est conseillée tous les deux ans. En effet, plus vite un cancer du sein est diagnostiqué et mieux il sera traité. Le cancer débute avec une seule cellule déficiente…Un cancer débute avec une seule cellule déficiente. Chaque cellule du corps humain qui en compte 60 000 milliards, est contrôlée par son ADN, c’est-à-dire le code génétique qui contrôle le devenir de la cellule. Chaque cellule est normalement destinée à se diviser puis à mourir. Mais il arrive que le code génétique soit modifié et perturbé de sorte que la cellule soit immortelle et se divise de façon incontrôlée jusqu’à former une masse de cellule, appelée « tumeur » (voir encadré). A ce stade, la tumeur n’atteint pas encore le caractère vital de la personne. Elle ne mesure que quelques millimètres cube et peut rester latente plusieurs années voire toute la vie sans jamais mener à aucun problème sur la santé. Ce n’est que par l’accumulation de nouvelles mutations sur son ADN, que les cellules cancéreuses peuvent envahir les tissus voisins et éventuellement se propager dans le corps via la circulation sanguine ou la circulation lymphatique (système de vaisseaux parallèles à la circulation sanguine impliqué dans le drainage des liquides interstitielles et du système immunitaire), phénomène qu’on appelle « métastase ». Dans le cas du cancer du sein, la plupart des métastases amènent des cellules cancéreuses dans des organes vitaux tels que le foie, les poumons ou le cerveau. La prolifération et accumulation de cellules cancéreuses dans ces organes vont en occuper la place et les rendre déficient, d’où le caractère mortel de ces métastases et du cancer. Alors qu’une cellule saine est programmée par son ADN pour se diviser de façon régulée, il arrive que les mutations de son ADN perturbe son fonctionnement de sorte qu’elle prolifère de façon incontrôlée jusqu’à former une masse de cellule, appelée tumeur.
Le Cancer du sein… ou plutôt « les » cancers du seinDans le cas du cancer du sein, la cellule déficiente qui va proliférer de façon anarchique provient des lobules qui produisent le lait maternel ou alors des canaux qui conduisent le lait vers les mamelons. On parle alors de cancer du sein « canalaire » ou « lobulaire », il en existe plusieurs autres sortes, mais ces deux derniers sont les plus fréquent, d’où le fait de parler plutôt « des » cancers du sein au pluriel si nous voulons être tout à fait exact. Le sein est constitué de graisse, de tissus de soutien ainsi que des tissus glandulaires composé des lobules produisant le lait ainsi que des canaux galactophores qui conduisent le lait maternel vers le mamelon. La prévention passe d’abord par une bonne hygiène de vieIl est estimé que 5 à 10% des cancers du sein seraient d’origine héréditaires, les parents ayant transmis à leurs enfants un certains stock de mutations de départ de l’ADN qui fait que les enfants auront plus de prédispositions au cancer du sein, sans pour autant qu’elle en soit une cause directe. Mais dans la grande majorité des cas, les causes du cancer du sein sont attribuées à des facteurs encore méconnus de l’environnement. Nous savons cependant qu’une bonne hygiène de vie prévient tous types de cancer en général. Une mauvaise alimentation, l’inactivité physique ainsi que la consommation de tabac et alcool sont en effet des facteurs liés à l’apparition de cancer. Il est également conseillé aux femmes de s’auto-surveiller. L’examen visuel de ses propres seins pour détecter tout changement ou anomalies dans la forme ou la texture de peau est à voir avec un médecin. Après l’âge de 50 ans, un test mammographie tous les deux ans est recommandé. Plus vite une tumeur au sein sera détectée et mieux elle sera traitée, car elle n’aura pas eu le temps de grandir ou de se propager pour former des métastases. Lorsqu’un cancer du sein est suspecté chez une patiente, le médecin proposera différents tests de diagnostic dans l’ordre. La mammographie (une radio des seins) et l’échographie sont des tests non invasifs qui permettent d’établir un premier diagnostic. Mais si les doutes persistent, une confirmation doit se faire par analyse des cellules après ponctions de tissus du sein par aiguille dans la zone suspectée. Une radiographie pourra également être réalisée dans les autres organes afin de vérifier l’éventuelle présence de métastases ailleurs dans le corps. Un diagnostic efficace est nécessaire pour la prise en charge des patientes. En effet, chaque protocole de traitement se fait par la concertation de plusieurs professionnels de la santé et est prise au cas par cas selon le type de cancer du sein, l’étendue du cancer, la présence de métastases ou non, l’âge… chaque patiente n’est pas l’autre et le traitement sera le plus adapté possible.
Le test mammographique consiste en une radiographie d’un des seins à la fois. Traiter le cancer du sein a aussi ses dommages collatéraux…En plus des traitements classiques communs aux cancers en général, que sont la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, le cancer du sein peut également être pris en charge par l’hormonothérapie ainsi que les médicaments ciblés. Ces différents traitements sont souvent utilisés en combinaison. La chirurgie consiste à retirer par opération chirurgicale la tumeur en essayant de conserver le sein au maximum tandis que la radiothérapie envoie des rayons à très haute énergie dans une zone particulière du corps afin de tuer les cellules cancéreuses et prévenir ainsi les récidives. La chimiothérapie au contraire de ces deux derniers, est un traitement non ciblé qui va diffuser un ou plusieurs médicaments dans l’ensemble du corps afin de toucher les métastases. La chimio est donc souvent utilisé après la chirurgie, on parle alors de « chimiothérapie adjuvante ». L’hormonothérapie consiste à bloquer les effets des hormones féminines tels que les œstrogènes sur les cellules cancéreuses. Car dans beaucoup de cas de cancer du sein, les cellules expriment à leur surface des récepteurs hormonaux en excès, qui fait que ces cellules tumorales sont davantage stimulées par les hormones et donc à se diviser de façon excessive. C’est dans ce cadre qu’entre le médicament que l’on connait sous le nom de « Tamoxifen ». Un autre type d’hormonothérapie consiste à bloquer la production d’hormones œstrogènes. Ces différents traitements du cancer du sein s’attaquent certes aux cellules cancéreuses mais également aux cellules saines de l’organisme, d’où l’apparition d’effets secondaires, qui pourront cependant être contrôlé par d’autres traitements si trop contraignant pour la patiente. Le retrait de la tumeur par chirurgie ainsi que de son éventuel ganglion lymphatique entraine des raideurs ainsi que le syndrome du « gros bras ». En effet, les ganglions sont des zones particulières du système lymphatique par lequel les cellules cancéreuses peuvent se métastaser, son retrait par chirurgie entraine donc des problèmes de drainage lymphatique dans le bras du coté ayant subie l’opération. La radiothérapie qui fonctionne via des rayons à hautes énergie peut donc abimer la peau, comme une brulure. L’hormonothérapie, qui vise à baisser le niveau des œstrogènes aura ainsi pour effets d’engendrer des symptômes assez similaires à la ménopause. Cela se traduit entre autres par des sautes d’humeur, des insomnies, des bouffées de chaleur accompagnée de transpirations abondantes. La chimiothérapie fonctionne via des médicaments qui ciblent et tue les cellules qui se divisent rapidement, dont les cellules cancéreuses. Néanmoins, d’autres cellules de notre organismes et qui se répliquent de façon rapide subissent aussi le traitement. Il y a notamment les cellules du sang, ce qui explique la fatigue, la diminution du système immunitaire, des saignements plus faciles. Les cellules du système digestif sont également touchées et entrainent donc des nausées. Enfin, les cellules qui produisent les cheveux sont aussi tuées, ce qui explique la chute des cheveux des patients traités par chimiothérapie. La prévention avant tout ? Oui mais… attention au sur-diagnostic !Des campagnes de prévention et de dépistage sont largement diffusées dans les médias afin de toucher un maximum de femmes. Il est en effet très important de détecter au plus tôt un cancer du sein afin que le taux de guérison soit le plus élevé possible. Mais alors qu’on nous parle du « prévenir avant guérir », de plus en plus d’experts sont contre celle démarche du dépistage par le test mammographique si aucune suspicion ne se fait voir par examen visuel et d’autopalpation. La raison étant que le test mammographique détecte des tumeurs qui auraient pu rester latentes et n’auraient jamais progressé en cancer, ce qui aurait entrainé un « sur-diagnostic » et un « sur-traitement » de certaines patientes qui auraient subies des opérations chirurgicales, chimio et radiothérapie alors qu’elles n’en auraient peut-être jamais eu besoin… Ce sur-diagnostic chez nous explique en partie pourquoi la Belgique est le premier pays au monde quant au taux de diagnostic du cancer du sein. Néanmoins, il est actuellement impossible aujourd’hui de savoir par mammographie quelle tumeur va évoluer vers un cancer et laquelle va rester latente… Alors faut-il prendre le risque d’attendre que la patiente remarque un changement d’aspect de son sein à l’examen visuel ? Car à ce stade, le cancer est déjà avancé par rapport à ce qui aurait pu être détecté par mammographie… Le débat reste ouvert. 9500 nouveaux de cas de cancer du sein sont détectés chaque année en Belgique. En plus d’un traitement efficace, un diagnostic précoce est favorable à la prise en charge des patientes. Il est actuellement conseillé de réalisé la mammographie tous les deux ans après l’âge de 50 ans. Mais le sujet fait de plus en plus débat au sein de la communauté scientifique.
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