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La prévention criminelle, miroir de notre société
12/18/15

Le cas de la Belgique

La Belgique affiche un modèle mixte composé d'une prévention à la fois situationnelle et sociale. Si elle ne s'impose pas en tête de liste des pays où la sécurité sociale est inexistante et où les droits individuels sont gommés au profit d'un idéal sécuritaire rigide, les piliers porteurs mis en place par un Etat-Providence commencent néanmoins à être sapés au profit d'un individualisme ambiant.  «La Belgique est un beau laboratoire car elle a mâtiné sa politique néo-libérale d'un fond qui reste basé sur une politique sociale tout en maintenant des revendications sécuritaires de la part de la population. Au Nord, on s'est inspiré du modèle anglo-saxon alors qu'au sud, on est culturellement plus tourné vers l'expérience des pays latins. Sa politique de prévention reste malgré tout fort axée sur la recherche de la sécurité notamment avec la construction de nouvelles prisons mais on voit bien que le modèle pénitencier tel qu'il se développe pour le moment se dégrade.»

L'ambivalence de la prévention

Pour élaborer leur plan d'action sur la durée de leur mandat et engranger des résultats à court terme, les décideurs politiques ont souvent recourt à des prévisions. Or, si la prévention est en grande partie basée sur des méthodes prédictives et sur l'anticipation d'une situation à venir, elle ne doit pas exclusivement se fier à ce genre de pratiques puisque leur efficacité est difficilement vérifiable : «Si l'on prévoit que quelque chose de désagréable va se produire, on va prendre les mesures nécessaires afin d'éviter que ce que l'on craint n'arrive. Si cela n'a pas lieu, deux propositions s'offrent à nous. Soit on se dit que ce que l'on a mis en place a fonctionné. Soit on se demande si notre prévision était juste, si l'on n'a pas fait fausse route. Et cela, c'est très dur de le vérifier. La prédictabilité des choses s'avère parfois dangereuse dans la prise de décisions importantes», argumente le chercheur.

Et demain ?

Il n'existe pas selon André Lemaitre d'archétype idéal de prévention et, «s'il devait y en avoir un, ce serait probablement un cocktail des différentes modèles individuels.» L'urbanisation galopante et l'émergence de métropoles voire de mégalopoles aux quatre coins de la planète est un terrain fertile pour la criminalité et l'insécurité. Et, pour faire face aux grands défis qui se profilent, des leçons doivent être tirées des expériences passées. «La prévention de demain est à réinventer. Une  chose est sûre, elle doit être moins axée sur la répression sécuritaire. Plus on mettra en place des politiques inclusives qui prennent en compte les intérêts de tous et pas seulement des plus favorisés, plus on aura de chance de constater des améliorations pour l'avenir. Chaque composante de la collectivité doit être considérée sans exception. Ce n'est pas une bataille où les riches doivent se protéger face aux pauvres mais un combat commun.»  

barbed-wirePour parvenir à relever ce challenge, les sociétés de demain doivent viser une cohésion sociale importante avec le maintien d'une politique sociale et éducationnelle qui s'appuie sur des services publics qui fonctionnent efficacement. Plusieurs tentatives de remise en cause des décisions politiques dominantes ont timidement vu le jour mais elles restent minoritaires. Les alternatives à l'emploi du système pénal, le renforcement des actions de médiations ou encore des projets de prévention communautaire ont notamment fait leur preuve dans certains cas. Même si les résultats restent faibles, ils méritent de s'y attarder davantage et de mener une réflexion sur d'autres modèles alternatifs.

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