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Guérir de l’arthrose grâce au champignon de Paris
17/11/2015

Champignon ParisLors de la mise en culture, les paramètres de toxicité ont été observés pour vérifier que les cellules étaient toujours bien vivantes dans la matrice. Trois délais ont été arrêtés : 3, 21 et 28 jours. Des études histologiques ont été réalisées ainsi que des dosages de marqueurs cataboliques (MMP-3, enzyme impliquée dans l’arthrose et qui va détruire le cartilage, et des marqueurs inflammatoires IL-6, IL-8, PG E2), et anaboliques (acide hyaluronique et aggrécane).

L’observation permet alors de constater qu’en présence de chitosan, une diminution significative des marqueurs inflammatoires IL-6, IL-8, PG E2  et des marqueurs cataboliques MMP-3 a lieu. A l’inverse, on assiste à une augmentation des marqueurs anaboliques, acide hyaluronique et aggrécane, constituants de la matrice. « C’est essentiel dans le contexte de la physio-pathologie que le fait d’amener du chitosan permet d’avoir plus de constituants de la matrice et d’inhiber les principaux marqueurs inflammatoires qui sont responsables de la dégradation du cartilage. » Ainsi, l’IL-6 va agir aussi bien sur les composites que sur la membrane synoviale et entraîner une dégradation de l’articulation. L’environnement créé dans les billes est favorable à la cellule et celle-ci retrouve ses facultés à synthétiser du glycosaminoglycane.

La valeur ajoutée du chitosan ne fait donc aucun doute. En outre, au-delà de l’utilisation de ce composé, la méthode utilisée se distingue de celles testées jusqu’alors pour obtenir ce genre de billes. En effet, si le chitosan se mettait bien autour de la bille, il ne se mélangeait en revanche pas avec les cellules. Or, mettre des cellules malades en contact avec le chitosan permet de les soigner. Mais ce n’est pas tout. « Nous avons démontré par ailleurs que ces billes pouvaient être de formidables transporteurs de cellules. On pourrait très bien imaginer mettre des cellules médicaments dans ces billes pour ensuite les injecter dans les articulations et de cette façon faire de la thérapie cellulaire. Il faudrait alors voir comment se comportent dans les mêmes conditions des cellules souches, génétiquement modifiées pour être des médicaments. Si les tests se révélaient positifs, cela donnerait lieu à des traitements en biothérapie ».

Pour l’heure, la première application sera la visco-supplémentation. Le Professeur Henrotin parle de « révolution » dans ce domaine. « Jusqu’à présent on injectait des gels formés d’acide hyaluronique. Mais le problème est que cet acide se résorbe très vite, disparaît très vite dans les articulations. En quelques jours, voire quelques heures on n’est plus performant. Notre gel une fois injecté va, lui, rester plus longtemps car le chitosan ne se dégrade pas très vite et il va de plus protéger le cartilage. Donc on va diminuer la douleur mais aussi améliorer les propriétés mécaniques au niveau de l’articulation : moins de frottements, moins de forces délétères appliquées sur les cartilages, moins de compression sur les cartilages. »

La prochaine étape sera les essais cliniques qui devraient débuter sous peu, début 2016. Un contrat vient d’être signé avec Artialis(6). « Nous espérons que nous mettrons notre premier produit sur le marché en 2017. »

(6)Première spin-off créée par le Professeur Henrotin en 2010. Elle est spécialisée dans les essais cliniques des traitements de maladies qui affectent les os, les muscles, etc.

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