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Du FDF à DéFI
13/11/2015

Dans ce Courrier hebdomadaire du CRISP, Catherine Lanneau passe aussi en revue l'action du seul élu francophone au Parlement flamand, Christian Van Eycken (FDF), député depuis 1995 sous l'étiquette Union des francophones (UF). Si son cheval de bataille est la défense des francophones vivant en Flandre, il relaie dans les débats la politique générale du FDF dans des domaines plus sociétaux, comme l'environnement ou la mobilité. Il plaide régulièrement pour la ratification de la convention-cadre du Conseil de l'Europe sur la protection des minorités nationales.

Quel avenir pour le seul élu francophone de Flandre ?

« Isolé, l’élu UF ne peut constituer un groupe parlementaire, note Catherine Lanneau. Il est davantage un témoin qui essaie de porter la voix des francophones de Flandre. Il est parfois sollicité par certains élus bruxellois, pour qui il constitue un relais intéressant dans des questions comme celle de la mobilité. Sa présence permet aussi d'entendre tout ce qui se dit dans l'hémicycle flamand, d'avoir accès à tous les documents. A terme, l'enjeu pour cet élu et l'UF est de savoir si les francophones de Flandre vont continuer encore longtemps à se considérer avant tout comme tels, à voter pour une liste d’intérêt presque corporatif, ou s'ils se tourneront vers des listes flamandes. L’UF ne progresse pas dans les scrutins. Les nouvelles générations de francophones de Flandre réagissent différemment... et une série de francophones de la périphérie sont partis parce qu’ils ne se sentaient plus les bienvenus dans ces communes ».
 
Catherine Lanneau souligne que le FDF semble avoir mieux (ou moins mal) tiré son épingle du jeu  que les autres partis régionaux ou communautaires des années 1960, qui ont souvent mal résisté à la transformation de la structure institutionnelle de la Belgique. Cette meilleure adaptation s’explique parce que le FDF a su négocier certains virages idéologiques, faire évoluer son programme en fonction des nouvelles réalités belges et européennes et nouer des alliances indispensables sur le plan électoral. « La formation de la fédération PRL-FDF en 1993, puis la période passée au sein du MR (2002-2011), a donné au FDF une visibilité médiatique et un poids sur la scène politique qu’il n’aurait peut-être pas eus s’il était resté seul, tout en le sauvant sur le plan financier », note l’historienne.   

La rupture des Fédéralistes démocrates francophones (nouveau nom des FDF depuis 2010) avec les libéraux est consécutive à l’acceptation par le MR de l’accord institutionnel menant à une sixième réforme de l’Etat, qui comprend notamment la scission de la circonscription électorale Bruxelles-Hal-Vilvorde. Catherine Lanneau remarque que depuis cette réforme, les FDF semblent moins placer l’accent sur la périphérie bruxelloise, actant la scission de la circonscription BHV. FDF DeFI« Ils ont refusé cette réforme mais on sent que, confrontés à la réalité des faits, leur discours évolue. Ce changement d’attitude est aussi dû à leur volonté d’être proactifs dans la manière de s’adresser aux populations issues de l’immigration, en intégrant des élus issus de la diversité. Pour ces nouveaux candidats sur les listes FDF, certains thèmes historiques du parti comme la défense des francophones de Flandre ne sont pas une priorité. L’évolution est peut-être due également à leur volonté de se développer en Wallonie, où ils n’ont jamais obtenu de résultats très importants. Ils ont réalisé des sondages qualitatifs qui ont montré que les discours liés à la défense des francophones de la périphérie et des Bruxellois ne trouvent pas d’écho chez les Wallons. C’est sans doute aussi pour cela que le mot « francophone » a disparu du nouveau nom du parti ».

 

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