Du FDF à DéFI
A l’heure où le FDF est devenu DéFI (Démocrates Fédéralistes et Indépendants), a-t-il réussi à dépasser son image de parti communautaire, focalisé sur les thèmes linguistiques, pour se positionner en mouvement « urbain et culturel » ? L’analyse et rappel des faits par Catherine Lanneau, chargée de cours en histoire à l’Université de Liège (1). Le plus actif à la Communauté françaiseDans son analyse de l’action du FDF au sein de la Communauté française, Catherine Lanneau relève qu’entre 1971 et 1990, il est le parti le plus actif dans le dépôt de propositions de décrets à ce niveau de pouvoir. Le parti amarante est particulièrement attaché à l’autonomie culturelle obtenue par les communautés. « Le FDF fait montre de projets et d’ambition en la matière, à la fois par conviction (la « francité »), par pragmatisme (l’envie de transcender une logique territoriale au bénéfice des habitants francophones de la périphérie bruxelloise) et, surtout dans les années 1980, par esprit de survie, entre défaites électorales successives et « mise au frigo » de la région bruxelloise », écrit l’historienne de l’ULg. L’implication du FDF dans la création du CGRI (Commissariat Général aux Relation Internationales), devenu WBI (Wallonie-Bruxelles International), est l’exemple de la volonté de défendre l’idée d’une « patrie francophone ». Elle permet à Communauté Française de nouer des relations internationales avec d’autres régions francophones du même type, comme le Québec. Gommer son image de parti « communautaire »La création de la Région bruxelloise, en 1989, coïncide avec une nouvelle phase dans l'histoire du FDF. Cette région ne correspond pas à ce que le FDF aurait souhaité : trop petite, représentation trop importante à ses yeux de la minorité néerlandophone, ordonnances de valeur inférieure à celle des décrets, etc. Au lieu d’entrer dans une logique d’opposition stérile, le FDF s'investit dans la nouvelle Région en entrant dans la majorité gouvernementale bruxelloise. Catherine Lanneau : « Durant ses quinze premières années de participation à la majorité bruxelloise (1989-2004), le FDF a tenté de gommer son image de parti « communautaire » pour devenir un parti « généraliste » qui se définit comme « réformateur social » et se veut en phase avec les problèmes urbains rencontrés dans une capitale : la mobilité, l’environnement, le logement, la mixité sociale… Lors de sa création, le parti avait de la peine à s'accorder sur un programme général, ses membres ne trouvaient pas de consensus sur grand-chose à part la défense des francophones. Le départ des ailes les plus divergentes au cours des années 1980 a permis de créer un accord plus facile entre ceux qui restaient, malgré certaines tensions, surtout perceptibles entre « régionalistes » et partisans d’une Communauté française forte ». (1) « L’action du FDF dans les Régions et Communautés (1971-2014) – I. Parlement de la Communauté française et Parlement flamand »; Courrier hebdomadaire n° 2258-2259, par C. Lanneau, 60 p., 2015. |
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