Ce qui a également étonné les deux chercheurs, c’est la dichotomie entre leurs plaintes physiques et leur ressenti psychologique de leur état de santé. « Malgré des difficultés à marcher, à monter les escaliers, le fait de se sentir essoufflé, etc., ces personnes ont néanmoins la sensation d’avoir une bonne santé cognitive, ne se plaignent pas de douleurs, etc. », renchérit Charlotte Beaudart.
Moins étonnante était la faible activité physique des personnes sarcopéniques ; quant à leur faiblesse physique, elle les exposait davantage aux chutes.
De l’activité physique à tous les âges !
Cette observation particulièrement fine du profil de la personne sarcopénique pourrait aider à identifier celles qui devraient bénéficier d’un programme de prévention. Prévention des chutes, bien sûr, mais aussi prévention active en utilisant le seul moyen dont nous disposons actuellement : l’activité physique pour tous, en particulier au 3è âge. Cela pourrait permettre à des personnes âgées de rester autonomes plus longtemps, et retarder le moment d’entrer dans une maison de repos… voire l’éviter !
Par contre, au rayon traitements médicamenteux, il n’existe toujours rien pour traiter la sarcopénie, même si quelques molécules sont en développement. C’est pourquoi il n’est pas utile, à l’heure actuelle, de miser sur un dépistage systématique, puisqu’aucune réponse ne pourra être apportée. « Il est dès lors important d’éduquer les personnes âgées à pratiquer régulièrement des activités physiques, et idéalement aussi des activités de résistance. Sur le plan de la nutrition, il semble aussi possible d’agir en prévention, en veillant à optimiser les apports protéinés », insiste Charlotte Beaudart.
Et l’avenir ?
Les auteurs de cette étude aimeraient étendre les paramètres à étudier aux mesures de marqueurs biochimiques : « Ils pourraient nous aider à observer la dégradation du muscle, l’inflammation, la fonction rénale, l’état osseux… qui pourraient nous donner des informations complémentaires intéressantes, explique le Pr Bruyère. A cette fin, nous avons congelé du sérum et du plasma de l’ensemble des sujets de notre cohorte. »
L’étude SarcoPhAge est appelée à durer au moins 5 ans. Le financement est assuré pour les 3 premières années de suivi via le mandat FNRS accordé à Charlotte Beaudart. Mais les années suivantes ainsi que l’approfondissement via les analyses sanguines doivent encore trouver un financement. Car plus cette étude durera, plus elle suivra de personnes âgées, et plus elle sera une référence en la matière. Il est donc essentiel de trouver des fonds, le nerf de la guerre !
La bonne nouvelle est qu’une spin-off est née du développement du questionnaire SarQoL relatif à la qualité de vie des personnes âgées ; il pourra dès lors être commercialisé à des entreprises privées qui cherchent à élaborer un traitement contre la sarcopénie.