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Comprendre et prévenir la sarcopénie
20/10/2015

Plus que la simple force

L’étude SarcoPhAge ne s’est pas limitée à mesurer ces trois variables classiques. Elle étend son champ d’étude à d’autres paramètres importants : consommation d’alcool, tabagisme, consultation d’un kinésithérapeute, utilisation d’aide à la marche, historique de fracture et d’hospitalisation et consommation de médicaments, mais aussi le poids et la circonférence de la taille, du mollet et du poignet. Deux modèles ont en outre été choisis pour évaluer l’autonomie des personnes âgées : les activités que la personne effectue toujours comme se laver, s’habiller, se déplacer, sa continence ou son alimentation pour ce qui concerne l’échelle de Katz ; être capable d’utiliser le téléphone, de prendre les transports en commun, de faire ses courses, de se préparer à manger, de faire le ménage, le linge, de prendre ses traitements à temps ou de gérer ses finances, pour ce qui concerne l’échelle de Lawton.

Ajoutez encore à cela une évaluation des capacités cognitives, et l’évaluation de la présence d’une éventuelle dépression ainsi que l’étude du statut nutritionnel, de la faiblesse physique et des activités physiques, de la fatigue engendrée par les activités quotidiennes, de la résistance à la fatigue, du risque de chute, de la capacité respiratoire ou de la densité minérale osseuse, et l’on comprendra que cette étude apportera des informations très précises et précieuses sur le profil des personnes atteintes de sarcopénie.

« Nous sommes par ailleurs parmi les premiers à intégrer dans l’étude une évaluation de la qualité de vie, via un questionnaire portant sur la douleur, la vitalité, le sentiment d’être en bonne santé physique ou mentale, la limitation dans les mouvements dus à des problèmes physiques ou psychologiques, le maintien d’une vie sociale, le fonctionnement physique en général... Nous avons pour cela utilisé des questionnaires validés (SF-36 et EQ-5D), mais nous estimions qu’ils n’étaient pas suffisamment spécifiques à la problématique de la sarcopénie. Nous avons dès lors travaillé durant deux ans avec des équipes française et suisse pour élaborer un questionnaire plus ciblé sur la question de la qualité de vie en présence de ce syndrome. Ce questionnaire, le questionnaire SarQoL (Sarcopenia & Quality of Life), vient d’être finalisé et validé », se réjouit le Pr Olivier Bruyère.

Etude sarcopenie

Des résultats étonnants

Mais venons-en aux résultats déjà obtenus avec l’étude SarcoPhAge : sur les 534 personnes étudiées, sur base de ce panorama complet de leur état de santé, 73 étaient sarcopéniques, soit une prévalence de 13.7% (11.8% chez les hommes, 14.9% chez les femmes). « Ce qui est étonnant, c’est que la prévalence selon le sexe varie en fonction de l’âge : si elle est équivalente chez les 65-69 ans autour de 16%, entre 70 et 79 ans, on assiste à une augmentation chez les femmes avec une prévalence qui monte à 27.1% contre 20% chez les hommes ; mais après 80 ans, la tendance s’inverse et la sarcopénie touche 44% des hommes contre 29.2% des femmes…, s’étonne Charlotte Beaudart. Il n’est pas possible de savoir si d’autres études ont mené au même constat, puisque nous ne nous sommes pas basés sur les mêmes définitions, les mêmes valeurs seuil, ni même sur les mêmes paramètres. »

D’autres constats ont été relevés. Ainsi, les 73 personnes avec sarcopénie étaient significativement plus âgées que les autres, avaient un indice de masse corporelle  plus bas ainsi que des mesures anthropométriques (circonférence de la taille, du poignet et du mollet) plus basses. Elles avaient plus souvent recours à des aides pour la marche et prenaient plus de médicaments (6.79 +/- 3.14, contre 5.66 +/- 3.50 pour les personnes non touchées par la sarcopénie), en particulier des traitements pour les affections respiratoires, le système nerveux, la douleur et la fièvre ou encore les maladies ostéo-articulaires. Elles présentaient de ce fait de plus grands risques de co-morbidités (comme des troubles respiratoires, des problèmes rénaux et des vertiges) et d’hospitalisation. Leurs fonctions cognitives étaient également plus faibles, de même que leur statut nutritionnel.

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