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Comprendre et prévenir la sarcopénie
20/10/2015

En vieillissant, le corps s’affaiblit, notamment du fait de la diminution de la masse musculaire, ainsi que de sa qualité. Ce phénomène n’a été objectivé (et nommé !) qu’en 1989, lui conférant de ce fait un intérêt scientifique. « Désormais, le monde médical et scientifique accorde plus d’intérêt à la sarcopénie, mais cela signifie que nous partons avec un bagage de connaissances assez léger : peu d’études ont porté sur ce syndrome gériatrique, ses conséquences à court, moyen et long terme, et nous disposons de très peu de données épidémiologiques belges sur ce sujet », déplore le Pr Olivier Bruyère, du Service de Santé publique, Épidémiologie et Économie de la Santé de l’Université de Liège. Raison pour laquelle l’Université de Liège a mis au point l’étude SarcoPhAge qui a livré ses premiers résultats(1).

sarcopeniePremière constatation : les études sur la question ne semblent pas parler de la même chose… « En effet, il n’existe toujours pas de consensus scientifique pour définir la sarcopénie », poursuit Charlotte Beaudart, chercheuse au Service de Santé publique, Épidémiologie et Économie de la Santé de l’Université de Liège, qui consacre à ce sujet sa thèse de doctorat, dans le cadre de l’étude SarcoPhAge, une étude longitudinale de suivi qui vise à faire avancer les connaissances sur la sarcopénie. « Pour cette étude, nous avons dès lors choisi de nous baser sur la définition de l’European Working Group on Sarcopenia in Older People, qui établit que la sarcopénie se caractérise par une masse musculaire réduite, à laquelle s’ajoutent une force musculaire faible ainsi qu’une performance physique limitée. Ils ont également fixé des valeurs seuils que nous avons suivies pour diagnostiquer la sarcopénie. »

Pour pouvoir comparer les résultats obtenus et obtenir des statistiques de prévalence fiables, il serait également nécessaire de se mettre d’accord sur les seuils de perte musculaire, de force physique et des capacités physiques à partir desquels on peut parler de sarcopénie, mais aussi sur les méthodes les plus adéquates pour les évaluer.

L’étude SarcoPhAge

C’est pour progresser dans ce sens que l’étude SarcoPhAge a été mise au point par l’Université de Liège. Elle a rassemblé, entre juin 2013 et juin 2014, 534 personnes âgées de plus de 65 ans, qui ont choisi volontairement d’y participer. « Le recrutement s’est fait par voie de presse mais aussi au cours de consultations dans différents services du CHU de Liège. Nous avons été surpris de l’ampleur de la mobilisation des volontaires », se réjouit Charlotte Beaudart. Tous les participants à l’étude ont donc été soumis d’abord à un questionnaire portant sur leur profil sociodémographique et médical ainsi que sur leur mode de vie. Ensuite, de nombreux paramètres ont été relevés. « Évidemment la masse musculaire a été mesurée chez ces personnes, ainsi que la force musculaire ou les performances physiques, qui sont les paramètres classiquement utilisés pour évaluer la sarcopénie. Mais nous avons utilisé des outils actuellement recommandés pour l’évaluation de la sarcopénie. Ainsi, pour la mesure de la masse musculaire, nous avons utilisé l’absorptiométrie biphotonique à rayons X (Dual-energy X-ray absorptiometry ou DXA), qui permet, de distinguer la masse « maigre » (entre autres le muscle) de la masse grasse et des minéraux osseux. A partir de la masse musculaire appendiculaire obtenue, nous avons ainsi pu déterminer un indice de masse musculaire squelettique pour chaque personne étudiée, qui permet, avec d’autres tests, de poser le diagnostic de la sarcopénie », explique le Pr Olivier Bruyère.

Pour évaluer la force musculaire, deux dynamomètres ont été utilisés, un hydraulique et un pneumatique. Mais ici aussi, les différents outils utilisés peuvent provoquer des surprises : « C’est ce qui m’a interpellée : les valeurs qu’ils donnent peuvent varier du simple au double selon les appareils utilisés, ce qui modifie très fortement la prévalence, évidemment !», enchaîne Charlotte Beaudart.
Quant aux performances physiques, elles ont été mesurées en faisant passer une série de tests aux intéressés, comme se lever à 5 reprises d’une chaise, marcher 4 mètres et évaluer l’équilibre.

(1) Beaudart C., Reginster J-Y., Petermans J., Gillain S., Quabron A., Locquet M., Slomian J., Buckunx F., Bruyère O., Quality of life and physical  components linked to sarcopenia : The SarcoPhAge study, Experimental gerontology, 69, 103-110, 2015

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