Polluants organiques: la mer boit la tasse
Lors des campagnes de pêche scientifique, les chercheurs ont jeté leurs filets dans cinq estuaires : la Gironde, la Charente, la Loire, la Seine et l’Escaut. « Les résultats sont clairs, commente Joseph Schnitzler : les poissons retirés de la Seine et de l’Escaut sont beaucoup plus contaminés par les PCB que les autres. » (3) Ce n’est pas étonnant vu que les bassins versants qui alimentent ces deux estuaires sont beaucoup plus peuplés et beaucoup plus industrialisés que les autres. Le bassin de la Seine, par exemple, couvre une superficie de près de 80.000 km2, un territoire grand comme trois fois la Belgique, avec 16 millions d’habitants et qui comprend 6 grandes villes dont Paris. Celui de la Gironde ne couvre qu’un territoire de 50.000 km2, avec moins de 3 millions d’habitants et seulement deux grandes villes dont Bordeaux. La comparaison avec des poissons prélevés en mer Méditerranée est aussi édifiante. Pour son mémoire de DEA en 2006, Joseph Schnitzler s’était rendu en Grèce pour étudier les taux de contamination du bar tant sauvage que d’aquaculture. « Ils sont incontestablement beaucoup plus élevés en Mer du Nord qu’en Méditerranée. » (4) Des poissons qui luttent contre la pollutionMais ces taux de PCB plus ou moins élevés entraînent-ils des anomalies au niveau de la thyroïde ? La santé du poisson est-elle dégradée ? Pour en avoir le cœur net, le chercheur liégeois a sorti son microscope. La thyroïde d’un poisson, c’est un peu comme une grappe de raisins. Elle est composée de plusieurs follicules qui, au microscope, ressemblent à des grains. A l’examen, les « grains » des poissons prélevés dans l’Escaut, très pollué, s’avèrent plus petits en moyenne que les autres. Ce qui suggère une plus grande activité thyroïdienne comparativement aux individus provenant des estuaires moins pollués. ![]() (3) Schnitzler J., Thomé JP., Lepage M., Das K., Organochlorine pesticides, polychlorinated biphenyls and trace elements in wild European sea bass (Dicentrarchus labrax) off European estuaries Langue du document, Science of the Total Environment, Elsevier Science, 2011, 409, 19, 3680-3686. Consulter la publication dans ORBi |
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