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Le fédéral n’est plus la voie royale
16/09/2015

La Région wallonne ne joue plus en D2

Résultat des courses : ni l’un, ni l’autre. Du moins en Wallonie. En Catalogne et en Écosse, les conclusions sont plus tranchées. « Là-bas, la région est clairement la division 1 », détaille Jérémy Dodeigne. Tandis que la Région wallonne ne joue pas encore en D1, mais plus tout à fait en D2 non plus. « C’est donc une troisième hypothèse qui l’a emporté. Avec la multiplication des niveaux de pouvoir, il n’existe plus un seul centre politique, mais au moins deux ».

Voilà pour le constat. Quant aux explications, elles sont multiples. Le facteur identitaire reste important. Quelle est la force du nationalisme sur le territoire concerné ? On le sait, même si le sud du pays comporte quelques régionalistes convaincus, l’attachement au fédéral reste fort. Ce qui semble moins le cas en Catalogne ou en Écosse, où le niveau national n’est pas franchement prisé par les élus du cru, qui le considèrent comme trop espagnol/anglais. Par ailleurs, tout dépendra de la manière dont le centre intégrera la périphérie. En d’autres termes, « l’échelon national sera important lorsque les élus s’y sentent influents, y compris sur ce qui se passe dans les régions ».

En Wallonie, comme en Catalogne, les élus partagent une caractéristique : leurs préoccupations se révèlent très locales. Ils siègent à la région moins pour défendre les intérêts de celle-ci que pour s’en servir comme levier d’influence au bénéfice de leur entité. Priorité à leur pré carré communal plutôt qu’au Parlement. Ce qui s’explique d’abord par le type de compétences aux mains de la région. Aménagement du territoire, enseignement, transport, logement, sport… Autant de thématiques qui influencent quotidiennement la vie des communes. Bien plus que la justice, les pensions, les affaires étrangères ou le commerce extérieur, pour leur part matières fédérales. Puis le cumul des mandats, qui était possible pour les bourgmestres jusqu’en 2014, en rajoute également une couche. Comment empêcher un mayeur de tirer la couverture à sa ville ?

Champions locaux

La mécanique électorale n’y est pas étrangère. Sur les listes, les champions locaux – gros générateurs de voix de préférence – sont placés avantageusement, bien positionnés pour se faire élire. Une fois qu’ils siègent, ils vont tenter d’encore accroître leur assise locale en « ramenant » des bonnes nouvelles dans leurs communes. Un cercle vicieux ou vertueux, c’est selon.

Néanmoins, depuis 2014, les bourgmestres (en tout cas certains d’entre eux) doivent trancher entre l’un ou l’autre de leurs mandats. Même si, dans les faits, beaucoup trouvent des astuces pour garder les commandes à tous les étages… Soit. « Ce décret anti-cumul peut être une opportunité, considère Jérémy Dodeigne. On peut imaginer que leur récompense électorale sera désormais régionale, même si le poids de la tradition pourrait peser. Aussi, beaucoup d’anciens députés fédéraux ont atterri à la région depuis les dernières élections. Or ils ont une pratique différente ». Pas question, en effet, de mettre les préoccupations de Mont-de-l’Enclus ou de Fexhe-le-Haut-Clocher sur la table de la Chambre. « Vu le contexte communautaire, le député est plus présent pour défendre son ministre, il est surtout mis à contribution comme bouclier de son groupe ou comme fer de lance d’une attaque. Alors qu’au régional, le député est plus souvent seul ».

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