Ces résultats rejoignent donc ceux livrés par le premier groupe de scientifiques qui s’était penché sur cette question et qui affirmait qu’une NAO négative impliquerait un courant océanique plus faible (et vice-versa). Des similitudes apparaissent également avec le troisième groupe que le doctorant avait référencé dans sa bibliographie, qui soutenait pour sa part qu’une NAO positive entrainerait un Gulf Stream plus au nord (et inversement).
« Mais il faut relativiser, pointe-t-il. Car l’indice d’intensité se base uniquement sur des données en surface. Je n’ai pas encore travaillé en trois dimensions. Ce sera l’une des prochaines étapes. Je vais tenter de reconstruire un indice d'intensité en me servant des couches inférieures pour tenter de déterminer quelle est la quantité d’eau chaude par rapport à la quantité d’eau froide et la vitesse du Gulf Stream à différentes profondeurs, afin de quantifier l'évolution du flux d'eau constituant le GS. Il s'agira donc d'un nouvel indice d'intensité du Gulf Stream, en 3D cette fois. » De quoi l’occuper durant longtemps !
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Intérêt pour la pêche ?
En attendant ces améliorations, les résultats obtenus pourront servir à améliorer les prévisions concernant l’intensité et la position du Gulf Stream. « Le décalage NAO-position du GS étant de 1 an, si on connaît la valeur actuelle de la NAO, on peut essayer de prédire la position du GS dans un an. À quoi ça peut mener, la question reste ouverte. Mais ce n’est pas dénué d’intérêt. » Le doctorant imagine que les pêcheurs pourraient être désireux d’anticiper le comportement de ces eaux relativement chaudes. Tout comme les prévisions météorologiques à long terme pourraient s’en retrouver améliorées. « Le système climatique ouest-européen est essentiellement influencé par des facteurs venant de l’Ouest. Si on les comprend mieux, on pourra mieux appréhender notre climat ».
Quant aux thèses évoquant la possibilité d’un arrêt du Gulf Stream à l’avenir et donc d’un refroidissement de l’Europe de l’ouest, Sylvain Watelet n’y croit pas une seconde. « L’arrêt total est très improbable. Cela dit, depuis le début des années 2000, on observe une diminution de l’intensité du courant, non significative toutefois, en parallèle avec l'évolution de la NAO. Certains pensent que c’est à cause du réchauffement climatique, moi je crois que c’est parce que la NAO elle aussi baisse. Il ne faut pas oublier que 10 ans, c’est très court comme période de référence. Il faut idéalement travailler sur 30 ans au minimum. Mon analyse sur le long terme montre qu’il y a déjà eu des creux de même amplitude par le passé, mais cela a fini par remonter. D’ailleurs entre 1960 et 2012, l’intensité du Gulf Stream connaît une légère hausse, significative cette fois. » Rendez-vous dans quelques décennies pour savoir s’il ne s’agissait que d’une diminution passagère ou de l’amorce d’un changement plus radical…