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Changement climatique et phytoplancton
26/06/2009

...et moins de diatomées

DiatomsFrenchLa présence ou l'absence de phytoplancton n'est pas la seule variable étudiée par Anne Goffart. «La composition du phytoplancton, explique-t-elle, dépend de la température de l'eau. Quand les eaux sont froides, les diatomées sont nombreuses. Ce sont des composantes du phytoplancton intéressantes car elles ont une valeur nutritive élevée pour le zooplancton. Comme elles sont relativement grandes, elles ont tendance à couler si elles ne sont pas mangées. En coulant, elles exportent du CO2 vers les couches profondes. Comme la température moyenne hivernale de l'eau augmente, nous constatons qu'il y a moins de diatomées dans l'eau. C'est un autre signe de modification et d'altération.» On assiste donc à un double phénomène: il y a moins de phytoplancton et la proportion de diatomées dans ce qui reste diminue. Ces résultats vont également être utilisés dans des simulations pour essayer de comprendre ce que cela implique au niveau du zooplancton. Car plus on monte dans les niveaux trophiques, plus il devient difficile de démêler l'écheveau des causes et des conséquences et plus il est difficile de faire le lien avec le changement climatique. Ce qui est certain c'est que si le zooplancton se modifie lui aussi, le reste de la chaîne suivra. A commencer par les larves de poissons qui s'en nourrissent et dont on sait qu'elles sélectionnent leur nourriture selon des critères mécaniques comme la grosseur et la forme des animaux formant le zooplancton. Si ces données se modifient, les larves devront soit s'adapter - mais en auront-elles le temps?- soit disparaître.

Ce qui est certain, selon Anne Goffart, et les plongeurs les plus expérimentés de STARESO le confirment, c'est que les changements sont perceptibles à l'oeil nu: ce qu'on voit dans l'eau aujourd'hui n'a plus rien à voir avec ce qu'on voyait il y a trente ans! Il y a beaucoup plus de gros poissons, comme le barracuda, inconnu en baie de Calvi il y a trente ans (mais c'est aussi parce qu'on a protégé certaines espèces!), beaucoup d'espèces thermophiles sont arrivées de la Méditerranée orientale, plus chaude et d'autres qui vivaient à la limite des eaux froides ont disparu. On constate aussi l'apparition ponctuelle de certaines espèces de phytoplancton contenant des toxines très dangereuses dont la présence est favorisée dans certains cas par les éléments climatiques.
«On voit donc bien, résume Anne Goffart, que si le changement qui intervient au niveau du phytoplancton est relativement clair, pour le reste de la chaîne trophique, tout devient très compliqué et on ignore encore à peu près tout. Excepté une chose: les changements sont très rapides.»

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