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Changement climatique et phytoplancton
26/06/2009

Moins de phytoplancton...

ChlFrenchSur ces graphiques, chaque point représente la concentration en chlorophylle, c'est-à-dire la concentration en phytoplancton. «On constate immédiatement une évolution marquante, explique Anne Goffart. Fin des années 1970, il y avait une «floraison» de phytoplancton chaque printemps, moment où la couche d'eau riche en nutriments remonte du fond de la mer. Ces dernières années, ce phénomène a pratiquement disparu! Et cette disparition est progressive.» Comment expliquer cette raréfaction? Les chercheurs savent qu'ils peuvent éliminer d'éventuelles causes locales puisque la mer n'est, à cet endroit, pratiquement pas contaminée par l'homme. Si le phytoplancton disparaît dans la baie de Calvi, cela veut donc dire qu'il doit exister une cause lointaine, générale, indépendante de la localisation.

Comme c'est le vent qui provoque la remontée d'eau riche vers la surface, Anne Goffart a corrélé les données concernant le vent avec la concentration en phytoplancton. Plus particulièrement le nombre de jours de vent fort en hiver et la concentration en chlorophylle. Conclusion: les années où il y a beaucoup de vent en janvier et février, le phytoplancton se développe; à l'inverse, les années où le vent est rare, il n'y a pas de phytoplancton. Et la relation est vraiment très bonne: chaque fois qu'il y a un pic de vent en hiver, quelques jours après, on assiste à une remontée de sels nutritifs dans la colonne d'eau. Autrement dit, la raréfaction du phytoplancton est due à une cause générale, climatique: la modification du régime des vents dans la baie et le long de la côte occidentale corse

distribution phyto

 

Ces données intéressent fortement les autres laboratoires d'océanologie, en général dépourvus de séries aussi longues et, de par leur situation, incapables d'isoler les signaux climatiques des autres, notamment ceux qui découlent de l'activité de l'homme. «Les concentrations en jeu sont en effet très faibles, poursuit Anne Goffart. Si vous vous trouvez dans les parages d'une station d'épuration qui va, par exemple, rejeter des eaux un million de fois plus riche en nutriments que les eaux naturelles, il est évident que cela va masquer totalement les variations qui seraient dues aux changements climatiques. Les océanographes sont donc intéressés par nos données pour les utiliser dans des modèles mathématiques qui expliqueraient ce qui se passe en cas de modification des vents.»

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