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Ce que nous apprend le temps des fleurs chez les jeunes filles… 
27/08/2015

Chez la fille, les ovaires commencent à produire des hormones féminines, telles que les oestrogènes. Le premier signe pubertaire peut alors apparaître, sous la forme assez évidente d'une poussée mammaire. Il survient habituellement entre 8 et 13 ans. L'apparition de poils pubiens et sous les aisselles, ainsi qu'un pic de croissance, suivent rapidement ce premier stade. Enfin, la ménarche - c'est-à-dire la première période de menstruations - arrive, environ deux ans à deux ans et demi après le début du phénomène pubertaire. Le développement complet des seins achève ce processus, pendant lequel la jeune fille verra son bassin s'élargir, son tissu adipeux se développer et changer de répartition, et ses hanches, ses fesses, s'arrondir.

Et chez les garçons? Chez eux, alors que les testicules commencent à produire de la testostérone, le premier signe de puberté survient sous la forme d'une augmentation du volume testiculaire, quasi imperceptible pour le sujet et son entourage, à l’inverse du développement des seins chez la fille. L'apparition de poils pubiens va suivre, généralement entre 10 et 14 ans. Alors que l'augmentation du volume testiculaire se poursuit, le pénis grandit également (en moyenne vers 11 à 12 ans). Comme chez la fille, la fin de la puberté, avec une pilosité pubienne complète, n'intervient cependant que plusieurs années après les premiers signes pubertaires. Le garçon se différencie de la fille par un pic de croissance beaucoup plus tardif dans la puberté et accompagné de la mue de la voix. Il est désormais fertile, mais certains changements au niveau de sa pilosité (faciale et/ou thoracique) et de sa musculature peuvent continuer à se poursuivre par la suite. Dernier "détail" : pour les deux sexes, toutes ces transformations s'accompagnent d'un possible développement de l'acné, de l'apparition d'une odeur corporelle et de sautes d'humeur.

Un fleuve loin d'être tranquille

Comme on vient de le voir, la puberté suit un déroulement bien défini de modifications, elles-mêmes corrélées à différents stades. On pourrait donc imaginer que ce processus est un long fleuve, certes pas forcément tranquille, mais relativement semblable chez les adolescents. Or il n'en est rien : entre eux, de grandes différences peuvent apparaître, en particulier sur le moment d'apparition, la durée et la fin de ce phénomène.

Pendant longtemps, l'attention des chercheurs s'est focalisée sur les filles et sur l'avancement en âge de la ménarche, rappellent les auteurs de "Changes in Pubertal Timing: Past Views, Recast Issues". De fait, la littérature scientifique s'est largement étendue sur la tendance à une apparition plus précoce de la ménarche. Elle a été constatée depuis le milieu du XIXe siècle dans beaucoup de pays européens et nord-américains, c'est-à-dire dans des pays dits "développés". Selon les observations, en un siècle, soit de 1850 à 1950, ces premières menstruations sont survenues, en moyenne, quatre années plus tôt. "Cela représente un avancement spectaculaire, et il a été interprété comme la conséquence d'une amélioration hygiéno-diététique", détaille Pr Bourguignon. Seulement voilà : en suivant cette logique, on aurait pu s'attendre à voir l'âge des premières règles continuer à survenir encore plus précocement chez une majorité de jeunes filles. D'ailleurs, des projections prévoyaient un âge moyen de la ménarche de plus ou moins 12 ans à la fin du XXe siècle. Or, cette hypothèse ne s'est pas vraiment confirmée...

Moins vite que prévu...

Après les années 60, l’avance de la maturation pubertaire est devenue moins rapide et/ou sa décrue s'est arrêtée dans un certain nombre de pays. Durant ces dernières décennies, l'âge de la ménarche s'est relativement stabilisé dans des pays comme la Belgique. "Par exemple, poursuit le Pr Bourguignon, une étude bruxelloise de 1960 avait fixé l'âge des premières menstruations à 13 ans. Or, actuellement, nous sommes sensiblement toujours autour de cet âge-là." De même, des publications récentes montrent que s'il subsiste parfois une avancée de la moyenne d'âge de la ménarche - c'est le cas au Danemark ou aux Pays-Bas -, mais elle reste modérée.

Alors, le timing pubertaire ne changerait-il plus ? Et dans ce cas, pour quelles raisons ? En fait, comme l'explique le Pr Bourguignon, "ce que l'on constate, c'est que l'entrée dans le processus de la puberté, avec un développement mammaire, continue à concerner davantage de filles à un stade précoce et même très précoce (avant 8 ans)."  Mais, malgré cette entrée pubertaire plus précoce,  l'âge de survenue des premières menstruations reste relativement inchangé ou bien modérément modifié.

Par ailleurs, notent les chercheurs, on s'aperçoit également que les garçons ne sont pas en reste en matière de changements. Ainsi, chez eux, on observe que les étapes finales de la puberté peuvent survenir plus tardivement. "Ces modifications montrent que, globalement, le processus pubertaire s'allonge", détaille le Pr Bourguignon.

Ce constat est loin d'être anodin : cet allongement, tout comme l'hétérogénéité des événements pubertaires, a entraîné une révision des connaissances concernant le rôle et la place des différents indicateurs et des mécanismes impliqués dans l'âge de la survenue pubertaire. Ainsi, par exemple, les variations de l'âge de la puberté ne peuvent plus être considérées comme le fruit d'une séparation absolue des déterminants environnementaux et génétiques : chacun tient un rôle respectif, mais des mécanismes conjoints apparaissent également, et ce dès la vie foetale.

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