La banquise, grande consommatrice de dioxyde de carbone
Un écosystème gigantesque et difficile d’accèsMais le principal intérêt de Bruno Delille reste ce flux de CO2 entre la banquise et l’atmosphère. Très vite, son équipe cherche à déterminer la quantité de gaz que l’ensemble de la banquise peut absorber. Mais ils font face à un problème de taille. « La superficie de la glace de mer sur le globe varie entre 18 et 28 millions de kilomètres carrés, précise le chercheur. Pour donner un ordre de grandeur, c’est plus vaste que l’ensemble des terres cultivées. Les campagnes en Antarctique sont difficiles et onéreuses. On ne peut étudier que des petites régions. Nous avions cependant compris que la température de la glace contrôlait sa perméabilité au gaz, mais aussi la consommation de CO2 par les microalgues et les phases de formation et de dissolution du carbonate de calcium, des phénomènes consommateurs de dioxyde de carbone. Il était dès lors possible d’établir de bons coefficients de corrélations entre les flux de CO2 et la température de la glace dans les régions que nous avions étudiées. Une équipe de Louvain-La-Neuve, qui a modélisé la banquise, nous a ensuite aidés à simuler la température sur toute la couverture de glace. Entre température et flux gazeux, nous avions donc une des deux données de l’équation. Nous pouvions extrapoler nos calculs à l’ensemble de la banquise. » Il en est ressorti, après plusieurs vérifications, que toutes les estimations convergeaient vers un même chiffre. La banquise Antarctique absorberait aux alentours de 30 megatonnes de CO2 entre le printemps et l’été, soit de 50 à 60% de ce qu’absorbe l’océan Austral chaque année. L’océan, immense réservoir de CO2Pourquoi la banquise fait-elle un véritable festin de CO2 au printemps et à l’été ? Parce que le reste du temps, elle le consomme (voir « trois processus d’absorption » ci-dessous) ou l'expulse vers l'océan profond. Or, la glace et l’air, comme tous les grands ensembles qui se côtoient dans un écosystème, agissent d’une certaine manière comme des vases communicants, et cherchent un équilibre. Quand elle a expulsé le CO2 dans l’océan, la banquise est littéralement « en manque », et va le prélever dans l’atmosphère jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre soit trouvé. Page : précédente 1 2 3 suivante
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