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Microorganismes et nanoparticules
20/05/2015

Ainsi, en 2012, l’inventaire historique étant en cours, le nombre de sites potentiellement pollués en Wallonie était compris entre 3400 et 17000, selon la fourchette haute ou basse, tandis qu’on comptait 994 sites dont l’état de pollution était avéré et 1322 sites déjà assainis(7). On comprend bien qu’il s’agit dès lors non seulement d’une nécessité environnementale mais également d’un marché porteur sur le plan commercial. Il englobe à titre indicatif les sites tels que les dépôts pétroliers et d’utilisateurs majeurs de carburant (dépôts TEC, SNCB…), les stations service, les cuves domestiques, les sites urbains non excavables. La société SANIFOX est active depuis plusieurs années en bioremédiation-biostimulation (stimulation de micro-organismes endogènes et/ou exogènes) pour la dégradation des polluants dans les sols et dans les eaux souterraines. Elle intervient pour des clients de premier plan de l’industrie chimique et pétrochimique et vise entre autres le traitement de polluants dits non-chlorés c'est-à-dire « les hydrocarbures que vous pouvez trouver par exemple dans le sous-sol d’une ancienne station à essence ». C’est donc sur ce type de polluants que le projet NANOMICRO s’est d’abord focalisé.

Les prémices d’une "success story"

A l’origine du projet NANOMICRO, c’est l’histoire d’une rencontre entre le Centre wallon de biologie industrielle (CWBI) dirigée à l’époque par le Pr. Philippe Thonart et la Société SANIFOX, dont Benoît Lavigne est un des co-fondaeurs et le gestionnaire actuel. « Les chercheurs du CWBI avaient isolé et développé la maîtrise d’une souche de micro-organismes qui dégrade les hydrocarbures aromatiques, exactement ce que recherchait SANIFOX pour augmenter la cinétique de biodégradation, autrement dit la vitesse de dégradation des polluants hydrocarbonés dans les sols qu’il traite pour ses clients. De plus, dans la foulée de résultats tout à fait originaux et séduisants dans un autre domaine des biotechnologies (la production de biohydrogène)(8) il a été observé que la souche bactérienne en question était stimulée dans sa croissance lorsqu’elle était en présence de nanoparticules, ces nanoparticules ayant été synthétisées au Département de Génie chimique – Nanomatériaux, Catalyse, Electrochimie, explique Stéphanie Lambert-Jamoulle. Cela a donné le projet NANOMICRO. Il est clair qu’à terme, on aimerait mettre au point une formulation micro-organismes/nanoparticules qui puisse être utilisée par la société SANIFOX dans le cadre des traitements de sols et de nappes aquifères pollués chez ses différents clients. » La particularité du projet repose sur la souche de micro-organismes d’une part et le procédé d’utilisation des nanoparticules d’autre part. En effet, la souche en question, Rhodococcus erythropolis est son nom, est la propriété d’ARTECHNO et du CWBI. Quant aux nanoparticules dont la taille est d’environ 2-3 nm, elles présentent ici la spécificité d’être encapsulées dans une matrice inerte comme la silice qui les empêche de s’agglomérer et également d’être dispersées de façon aléatoire et non-contrôlée dans la nature. Le recours à cette spécificité ne correspond pas à la voie développée par d’autres chercheurs qui veut qu’on utilise des nanoparticules métalliques directement injectées dans le sol. En effet, un certain risque environnemental existe quant à l’utilisation des nanoparticules classiques (non encapsulées) dans les processus de bioremédiation. Il est lié à  leur rapport surface/volume élevé leur octroyant une grande réactivité, ce qui pourrait causer des problèmes de toxicité. excavation terreStéphanie Lambert-Jamoulle explique : « Une nanoparticule est une particule dont la taille est de l’ordre de 10⁻⁹ mètre. C’est excessivement petit. Forcément, c’est réactif puisque plus c’est petit, plus les particules sont réactives puisque le rapport surface/volume est très grand. Donc, le danger des nanoparticules est que si elles sont libérées de façon non-contrôlée, elles risquent de venir polluer les sols et les eaux de ruissellement. » Afin de pallier cela, les nanoparticules ont été « bloquées » dans un autre support, une silice inerte en l’occurrence, « C’est une poudre micrométrique, d’une taille comparable au sable que l’on trouve dans son jardin. Cette poudre de silice est suffisamment poreuse pour jouer le rôle de réservoir de nanoparticules. On a réalisé différents tests en phase aqueuse : quand on ajoutait dans de l’eau une poudre de silice contenant des nanoparticules, ces nanoparticules n’étaient quasiment pas relarguées dans l’eau après plusieurs semaines. » Un succès par conséquent !

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