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L’huître, caisse de résonance
03/03/2015

Les coquilles d’huitre comme caisses de résonance

L’hypothèse la plus plausible pour expliquer cette puissance de diffusion est aussi la plus cocasse. Les huîtres ne constitueraient pas uniquement un abri. Elles pourraient également faire office de caisse de résonance, permettant d’amplifier les sons émis par les Onuxodon, et donc augmenter leurs chances d’être entendus par leurs congénères. « C’est une idée que nous avançons avec prudence, tempère Loïc Kéver. Car une fois de plus, nous ne savons pas s’ils ne diffusent du son que depuis l’intérieur de l’huître ou également depuis l’extérieur. Nous ne savons pas non plus s’ils utilisent les bivalves comme amplificateurs, et si ce comportement a un rôle déterminant dans leurs fonctions d’appel ou de reproduction. Toutefois, nous avons envoyé des coquilles à Marco Lugli, un chercheur italien cosignataire de la publication. Il a maintenu les coquilles dans une position entrouverte qui se rapprochait de la position naturelle, il y a placé un diffuseur qui émettait un son blanc, où toutes les fréquences sont à intensité égale, et un micro. Il a remarqué que le son émis était amplifié par les huîtres, particulièrement au niveau des fréquences les plus proches de celles que l’on retrouve majoritairement dans les sons récoltés chez les Onuxodon.

 


Ce sont là de premiers résultats encourageants, qui demandent toutefois d’aller plus loin. L’huître peut bel et bien amplifier le son émis par les Onuxodon. Maintenant, cette particularité est-elle utile à ces poissons, ou superflue, calculée ou ignorée ? Une question de plus, dont la réponse dépendra d’études comportementales plus approfondies. Même s’il est vrai qu’il semble commode que les coquilles d’huître puissent faciliter la propagation du son dans un environnement aussi bruyant que les récifs coralliens. Une trouvaille aussi ingénieuse, qu’elle soit fortuite ou non, a pu favoriser cette branche de l’espèce au cours de l’évolution. Mais ces premières expériences sur les huîtres ont été menées en aquarium. Or, la propagation du son reste un phénomène délicat à comprendre et à étudier, et varie grandement en fonction des environnements et de la pression, donc de la profondeur de l’eau. Rien ne permet d’affirmer que ces propriétés sont aussi efficaces dans les fonds des lagons. Les études en aquarium ont permis d’élaborer des hypothèses plausibles et séduisantes. Mais l’activité nocturne de ces poissons et le temps qu’ils passent cachés dans leurs huîtres rendent leur étude épineuse et nécessitent de nouvelles expériences sur le terrain.

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