Méditerranée : des sentinelles qui parlent vrai
Gare aux interprétations trop rapides!Après plusieurs années de recherches, les travaux de Jonathan Richir (actuellement en post-doctorat, responsable scientifique du projet "STARECAPMED") et de ses collègues viennent d'aboutir à des constats de la même veine, mais portant cette fois sur la moule de méditerranée et la posidonie (1). "C'est pendant la période où elle assimile la nourriture pour produire ses gamètes que la moule de Méditerranée accumule le plus d'éléments traces, explique Sylvie Gobert, professeur d'Océanographie et responsable du Laboratoire d'Océanologie de la Faculté des Sciences de l'ULg. Ensuite, lorsque survient la reproduction, l’émission brutale des gamètes dans l'environnement provoque un pic temporaire des concentrations en éléments traces dans la chair des moules. En effet, les éléments traces, contrairement aux gamètes, ne sont pas relargués dans l’environnement; ce pic de concentrations en éléments traces s’explique par la perte significative de masse corporelle (environ 20 %) induite par la libération des gamètes. Mais la pollution dans la colonne d'eau, elle, ne varie pas pour autant! En d'autres termes, les variations d'éléments traces qu'on peut trouver dans les moules ne traduisent pas forcément à tout instant le degré de pollution de l'environnement mais bien, par exemple, les activités écophysiologiques de l'animal". Le même type de constat a été fait pour les posidonies observées sur le littoral français (région PACA, Corse), en Méditerranée. "Nous avons opéré des prélèvements très rapprochés, étalés sur de nombreuses années tant en milieux pollués que non pollués. Grâce à ceux-ci, nous avons constaté que les cycles des éléments traces suivent exactement le cycle de croissance de la plante. Ainsi, au fil de leur croissance, les jeunes pousses accumulent les éléments traces dans leurs tissus. Mais, à l'automne, les feuilles les plus anciennes et les plus contaminées se détachent et, de ce fait, les concentrations en éléments traces dans la biomasse des feuilles chutent brutalement. Nous sommes donc en présence d'un artefact, puisque la concentration dans le milieu, elle, ne varie pas!" Conclusion: une fois encore, le bioindicateur, dans ce genre de circonstances, reflète davantage sa physiologie propre que l'état de l'environnement. ![]() (1) Richir, J., & Gobert, S. (2014). The effect of size, weight, body compartment, sex and reproductive status on the bioaccumulation of 19 trace elements in rope-grown Mytilus galloprovincialis. Ecological Indicators, 36, 33-47. Page : précédente 1 2 3 suivante
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