Le mystère révélé des plus grands géants
Parmi les centres de recherche qui ont participé à cette étude internationale, on compte le National Institute of Health (NIH) aux USA. « Mon collègue et ami qui y travaille investiguait depuis deux ans une piste génétique pour expliquer une forme de gigantisme mais sans succès. Nous avons donc décider de collaborer pour tenter d’élucider ce mystère », explique Albert Beckers. « Son équipe de recherche avais mis le doigt sur la duplication de 11 gènes sur le chromosome X mais aucun de ces gènes n’était très connu ou tout du moins relié à la production d’hormone de croissance. De plus, ils travaillaient sur base de données provenant de deux patients qui présentaient ces duplications, ce qui n’était pas suffisant pour mettre au jour un nouveau syndrome ou pour confirmer l’implication de ces duplications dans le gigantisme », poursuit le scientifique. Les chercheurs du NIH ont donc dévoilé aux chercheurs liégeois où se trouve la région du chromosome X sur laquelle la duplication des 11 gènes était observée. « Trois mois plus tard, le problème était résolu ! », révèle Albert Beckers. Quand l’étau se resserre autour du gène GPR101Après avoir constaté que la région identifiée par les chercheurs américains correspondait bien au locus du gigantisme, les scientifiques ont défini un nouveau syndrome de gigantisme : le X-Lag (X-linked acrogigantism). « C’est un syndrome qui commence au berceau et qui engendre les plus grands géants », précise Albert Beckers. « Les enfants naissent normaux et grandissent anormalement dès avant l’âge d’un an. Ils font des adénomes hypophysaires très volumineux qui ne répondent pas bien aux thérapies classiques. Ils sécrètent l’hormone de croissance en quantité phénoménale ainsi que de la prolactine ». Les études génétiques ont montré que ces « petits » géants (chez qui le gigantisme se déclare très jeune) sont porteurs de la duplication des gènes sur le chromosome X. Un récepteur encore inconnu sous les projecteursPubliés dans la revue The New England Journal of Medicine (4), les résultats de cette étude mettent donc en évidence la duplication du gène GPR101 qui explique le développement des plus grands géants du monde. « On ne peut le vérifier mais on pourrait parier très cher que Robert Waldow, qui faisait 2m72, était atteint du syndrome X-Lag », indique Albert Beckers. « Ce que nous montrons dans cette étude, c’est que ce syndrome est lié à la duplication de 4 gènes au niveau du chromosome X et que GPR101 est probablement le coupable , que cette aberration chromosomique est dominante et touche un peu plus les femmes que les hommes. Il s’agit aussi de la deuxième cause génétique de FIPA », continue le chercheur. Des recherches qui réservent encore leur lot de révélations…Les hypothèses que suscite la découverte des chercheurs sont nombreuses et risquent d’occuper encore longtemps ces scientifiques passionnés par le gigantisme. « Quoiqu’il en soit nous devrons tout d’abord trouver le ligand de ce récepteur, le stimuler et le freiner pour observer les conséquences de ces manipulations et voir si ce récepteur concerne éventuellement d’autres maladies », reprend le spécialiste en endocrinologie. ![]() (4) Gigantism and Acromegaly Due to Xq26 Microduplications and GPR101 Mutation. N Engl J Med. 2014 Dec 18;371(25):2363-74. doi: 10.1056/NEJMoa1408028 Page : précédente 1 2
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